Quelle que soit sa taille, une entreprise est confrontée à des fluctuations de sa trésorerie pouvant compliquer le financement des opérations courantes. La gestion efficace de cette trésorerie est une des clés de la sécurité financière, et divers outils peuvent intervenir pour éviter de trop grandes tensions et pallier à un décalage de trésorerie, comme la facilité de caisse. Revenons sur les bases de cette notion simple, pouvant se révéler d’une grande aide lorsqu’il est question d’agir rapidement.
Qu’est-ce que la facilité de caisse ?
La facilité de caisse est un dispositif bancaire, mis en place de manière temporaire ou permanente, permettant à une entreprise de disposer de liquidités supplémentaires à court terme. Comment ? En débitant son compte courant au-delà du solde disponible pour un besoin ponctuel de trésorerie. Elle pallie un décalage entre les recettes attendues par l’entreprise et les règlements auxquels elle doit faire face à court terme.
La facilité de caisse ne doit pas être confondue avec le découvert autorisé. Elle est pour sa part ponctuelle et actionnable une fois le découvert constaté sur le compte. Il s'agit donc plutôt d'une avance de trésorerie accordée par la banque pour répondre à un besoin précis et urgent, et elle peut être utilisée en totalité ou en partie.
Concrètement, la facilité de caisse fonctionne comme une sorte de crédit (renouvelable ou non) de très court terme. Elle permet à l'entreprise de faire face à des décalages de trésorerie, classiquement le délai entre le paiement des fournisseurs et la perception du revenu de la vente. L’outil est plutôt utilisé dans des cas exceptionnels, d’autres options pouvant être envisagées si ce décalage est permanent.
Facilité de caisse vs découvert autorisé : ne pas confondre !
Si les deux dispositifs sont utilisés pour pallier des besoins de trésorerie à court terme, ils n’en demeurent pas moins à distinguer par 4 critères :
- La Durée : le découvert autorisé est permanent ou du moins, prévu à moyen terme, et il ne comporte pas de durée limite d’utilisation.
- Le montant, la facilité de caisse permettant généralement un solde négatif moins important qu’un découvert autorisé.
- Le Taux d'intérêt, la facilité de caisse coûte généralement plus cher que le découvert autorisé.
L’Usage, la facilité de caisse est par nature adaptée à des besoins ponctuels et imprévus, tandis que le découvert autorisé répond à un besoin de trésorerie plus pérenne
Pourquoi solliciter une facilité de caisse ?
Outre la raison évidente de disposer d’une solution de secours au cas où la trésorerie ferait défaut, les entreprises ont d’autres motivations pour solliciter une facilité de caisse :
- Bénéficier d’une grande souplesse et d’une réactivité sans faille, dans un contexte professionnel où les flux de trésorerie peuvent s’avérer volatils. Aucune démarche n’est à engager dans l’urgence lors de la survenue d’un besoin financier : il suffit d’actionner le mécanisme, avec des conséquences connues, acceptées et prévues dans le plan financier de l’entreprise.
- Prévenir les incidents de paiement, en ayant la certitude qu’un manque de liquidités pourra être comblé : pas de chèque rejeté, aucune facture impayée, la réputation de l’entreprise est sauve et des frais supplémentaires ne sont par ailleurs pas à craindre.
- Améliorer la relation de confiance avec sa banque, en démontrant une capacité à gérer ses flux de trésorerie de manière proactive, ce qui peut faciliter l'obtention de financements futurs.
- Avoir un accès plus rapide à des fonds, qu’il n’est généralement pas permis avec les autres formes de crédit.
Comment fonctionne cet outil financier ?
La mise en place d'une facilité de caisse nécessite un accord préalable entre l'entreprise et sa banque. Il va sans dire que pour obtenir un tel avantage, il faut montrer patte blanche : une situation financière saine, l’absence d’incidents de crédit, voire des perspectives de développement évidentes.
Une fois la banque convaincue, l’accord est matérialisé par un contrat déterminant le montant maximal de la facilité accordée, les conditions de son utilisation, la durée maximale pendant laquelle le compte peut rester débiteur et le taux d'intérêt applicable. Cela évite d’avoir à effectuer des démarches administratives à chaque fois qu’un emprunt de court terme s’avère nécessaire.
En pratique, plusieurs étapes peuvent être définies :
- L’entreprise expose son besoin, étayé de son plan de trésorerie, de sa connaissance des périodes de tension financière, et définit les garanties financières dont elle peut se prévaloir ;
- Si acceptée, la banque fixe un plafond à la facilité de caisse, qui peut correspondre ou non au souhait de l’entreprise, et peut exiger que les facilités de caisse soient utilisées sur des durées maximales prédéfinies, avant un retour à un solde créditeur;
- Le contrat est signé;
- Il est généralement prévu une activation automatique du mécanisme, dès lors que le solde du compte bancaire devient négatif;
- Le remboursement intervient;
- Les intérêts sont prélevés.
Ajoutons qu’il est de bon aloi pour l’entreprise de surveiller de près son utilisation de la facilité de caisse. Tout dépassement, outre les frais et autres désagréments engendrés, détériorerait automatiquement la qualité de la relation avec la banque.
Un coût non négligeable, mais justifié
La flexibilité de la facilité de caisse explique que les taux d’intérêt proposés par les banques soient généralement supérieurs à ceux d’autres crédits plus conventionnels. Cela étant dit, précisons que le coût ne s’applique que sur les sommes effectivement empruntées, plutôt que sur l’entièreté d’un crédit dont le montant comme la durée pourraient s’avérer excessifs au regard du réel besoin.
Par ailleurs, la banque doit se prémunir contre le risque de ne pas récupérer son dû, si l’usage de la facilité de caisse cache une situation financière dégradée pouvant conduire à la cessation de paiement notamment.
Enfin, certaines banques peuvent également facturer des frais de dossier pour la mise en place de la facilité de caisse, des frais de mise à disposition des fonds, ainsi que des frais en cas de dépassement du plafond autorisé ou de retard dans le remboursement.
La facilité de caisse : modifiable et résiliable
Précisons enfin que la facilité de caisse peut être modifiée ou résiliée, sous certaines conditions.
Modification du plafond
L'entreprise peut demander à modifier le plafond de sa facilité de caisse si ses besoins en trésorerie évoluent. Une nouvelle négociation intervient alors avec la banque, qui évaluera la situation financière de l'entreprise avant de donner son accord.
Changement des conditions
Les conditions de la facilité de caisse (taux d'intérêt, durée d'utilisation, etc.) peuvent également être révisées, sur demande ou à intervalles réguliers. La banque peut être à l'initiative d’une demande de changement, si sa politique de crédit évolue, et l’entreprise peut avoir intérêt à renégocier ces conditions si son contexte est favorable.
Résiliation
La facilité de caisse peut être résiliée par l'une ou l'autre des parties. La banque peut estimer que l'entreprise ne respecte pas les conditions convenues, par exemple en cas de dépassement récurrent du plafond ou de non-remboursement. L'entreprise quant à elle, peut décider qu’elle n’a plus besoin de ce service si elle trouve une solution de financement plus avantageuse, ou se tourner vers un autre établissement bancaire pour obtenir de meilleures conditions.
Dans tous les cas, il est évident que l'entreprise doit rembourser les sommes éventuellement procurées par le biais de la facilité de caisse, avant d’être libérée. Un préavis peut également être prévu au contrat.
Il peut arriver qu’un déficit de trésorerie survenant dans la vie d’une entreprise soit dû à un client mauvais payeur : en complément de la sécurité curative de la facilité de caisse, il convient de se prémunir du risque de voir ses factures impayées, grâce à un organisme d’assurance-crédit notamment, et en faisant réaliser une enquête de solvabilité au préalable.