2025, une année encore sous pression pour les entreprises

Cinq ans après la crise sanitaire, les entreprises continuent à faire face à un contexte économique difficile. Entre l’instabilité politique, le poids des taux d’intérêt et une compétition internationale de plus en plus féroce, elles sont encore nombreuses à aborder l’avenir avec prudence. Le point avec Carine Pichon, directrice générale France, Europe de l'Ouest et Afrique de Coface.

Le phénomène dépasse les frontières : dans toute l’Europe, le nombre de défaillances d’entreprises continue d’augmenter. Si le contexte économique et politique de chaque pays européen est spécifique, aucun ne parvient encore à retrouver son niveau d’avant Covid. En France, le nombre de redressements et de liquidation judiciaire a bondi de 28 % par rapport à 2019, atteignant 65 000 entreprises en difficulté en 2024. Un chiffre alarmant qui ne concerne pas uniquement les PME, mais également les ETI et les grands groupes. 

« Depuis septembre 2023, 286 plans sociaux ont été annoncés, affectant près de 200 000 emplois, rappelle Carine Pichon, directrice générale France, Europe de l'Ouest et Afrique chez Coface. On assiste à unedétérioration de la situation économique, couplée avec une incertitude politique qui rend les décisions d’investissement plus compliquées, notamment sur le temps long. » 

Et si de nombreuses entreprises se retrouvent ainsi dans une posture attentiste, ce qui freine la relance et l’innovation, certains secteurs seront cette année encore particulièrement en difficulté.

La construction et l’automobile toujours sous tension

La construction, qui représente 5 % du PIB français et emploie 2 millions de personnes, souffre toujours de la hausse des taux d’intérêt, qui a considérablement ralenti les transactions immobilières dans le neuf et dans l’ancien. Si la baisse des taux devrait relancer le secteur, il faudra cependant encore être patient.

La baisse des taux est une bonne nouvelle. Malgré tout le temps de la construction est un temps long et s’il y a une amélioration elle sera très progressive avec, encore, beaucoup d’incertitudes ces prochains mois.

Le secteur automobile affronte quant à lui une mutation profonde, sur fond de transition du thermique vers l’électrique. En 2024, la filière automobile européenne a ainsi été marquée par un net ralentissement et un essoufflement de l’activité́ manufacturière dans la plupart des pays. Tandis que les constructeurs japonais et sud-coréens récupèrent des parts de marché sur les véhicules hybrides non-rechargeables, les fabricants chinois font mainmise sur les voitures électriques et leurs batteries, boostées par des subventions d’état massives. Une pratique de « dumping » (ou concurrence déloyale) qui met à mal les constructeurs européens, qui doivent trouver des solutions pour préserver leurs marges et pérenniser leurs activités.

Priorité à la trésorerie

Dans ce contexte morose, l’amorce de la baisse des taux directeurs par les banques centrales devrait apporter aux entreprises une bouffée d’oxygène bienvenue. Emprunter coûtera en effet moins cher qu’en 2023, même si le coût du financement restera largement supérieur à celui d’avant la crise sanitaire. 

« La charge de la dette reste supérieure à celle qu’elle pouvait être historiquement et pendant très longtemps en Europe, rappelle Carine Pichon.  Si dans le même temps le carnet de commande est en baisse, cela met donc une pression sur les marges. La trésorerie reste donc un vrai sujet d’inquiétude cette année ». 

Pour les entreprises, 2025 pourrait donc encore être un parcours d’obstacles afin de parvenir à tirer parti d’un environnement financier en légère amélioration tout en anticipant des évolutions sectorielles et géopolitiques qui pourraient rapidement rebattre les cartes.

Auteurs et experts

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