L'arbitre est au centre du jeu, devant concilier accompagnement de l'assuré et prise de risque maîtrisée par l'assureur. Sur le terrain de l'assurance-crédit comme dans tout sport, la règle est de respecter les décisions de l'arbitre. Encore faut-il qu'elles soient justifiées. Aboubakr Belhaj s'emploie à ce qu'elles le soient chez Coface. Cet équilibre ne va pas de soi.
Aboubakr Belhaj s'est entretenu avec l'Agefi pour présenter son métier d'arbitre, et en quoi consiste l'arbitrage au sein d'un assureur-crédit comme Coface. Découvrez l’entretien complet ci-dessous.
L'association des chiffres et du contact humain
En amont du travail de l'arbitre se trouve celui de l'analyste financier, au sein de la direction de l'information, qui passe au peigne fin la situation crédit des clients des assurés pour évaluer leur capacité de paiement.
L'arbitre en tant que souscripteur de risque comme son appellation anglophone de risk underwriter l'exprime clairement, prend en compte la qualité de l'acheteur, son environnement macroéconomique et sectoriel, pour répondre aux demandes de couverture de la part de l'assuré.
Organisation et spécialisation sectorielle
La direction de l'arbitrage est organisée en quatre branches sectorielles d'acheteurs. Celle où officie Aboubakr Belhaj traite les demandes portant sur le BTP, les services ou le papier. Une deuxième se penche sur l'agroalimentaire, le commerce de détail, la pharmacie ou le textile, une troisième sur l'automobile, les métaux et la chimie, une dernière dite GS pour Global solutions prend soin des comptes avec une forte présence internationale.
L'importance de la proximité géographique et culturelle
L'organisation est également géographique. Travaillant depuis la France, Aboubakr Belhaj se concentre sur les acheteurs français, indépendamment du pays de l'assuré.
Toutefois, il souligne l'importance pour les arbitres de conserver une culture internationale afin d'expliquer les décisions prises par des homologues sur des acheteurs à l'étranger.
Au total, Coface emploie quelque 400 arbitres dans 46 sites à travers le monde, dont une bonne trentaine en France au siège du groupe à Bois-Colombes.
Communication et collaboration
Les arbitres se positionnent sur des demandes en respectant un plafond individuel de délégation. Celui-ci dépend du niveau d'expérience et d'ancienneté individuelle. Face à chaque demande, l'arbitre passe donc en revue l'étude crédit de l'analyste financier.
Les décisions sont communiquées à l'assuré et/ou à son courtier, présent dans deux tiers des cas environ en assurance-crédit. Les échanges se font par le biais de l'interface dédiée Cofanet, ou de vive voix.
Aboubakr Belhaj souligne l'importance des échanges avec ces derniers, notamment à travers les rendez-vous individuels d'arbitrage. Ces interactions permettent de mieux comprendre certaines décisions et d'apporter des éléments complémentaires si nécessaire.
Sachant que naturellement la mission de l'arbitre implique une exigence de conseil, de prévention en continu.
Le rôle complémentaire de l'intelligence artificielle
L'analyse au cas par cas de l'arbitre tient aussi sa valeur de son expertise sectorielle. Si l'intelligence artificielle est utilisée pour certaines décisions, Aboubakr Belhaj estime qu'elle ne remplacera jamais la relation humaine.
L'expertise sectorielle et l'expérience de l'arbitre restent essentielles pour évaluer les situations spécifiques, notamment dans des périodes chahutées comme celles actuelles dans la construction, le textile ou le commerce de détail.
Qualités nécessaires pour un arbitre
La mission d'arbitre nécessite des qualités opérationnelles, financières et humaines. Aboubakr Belhaj, titulaire de deux Masters en gestion financière et en finance, possède ces qualités, combinant une solide formation théorique à une première expérience en analyse financière. Selon lui, "les débouchés potentiels sont nombreux en interne, les mobilités étant aisément possibles notamment à l'international, et en externe vers le credit management ou la direction financière."