Guinée

Afrique

PIB / Habitant ($)
1 529,5 $
Population (en 2021)
15,0 Millions

Evaluation

Risque Pays
C
Climat des affaires
D
Précédemment
C
Précédemment
D

suggestions

Résumé

Points forts

  • Ressources minières importantes (21% du PIB et 90% des recettes d’exportations en 2023) : deux-tiers des réserves mondiales de bauxite, présence d’or et de diamant
  • Gisement de Simandou : le plus grand gisement de fer à haute teneur du monde encore non exploité
  • Potentiel hydroélectrique important
  • Port Autonome de Conakry: hub potentiel pour l'Afrique de l'Ouest
  • Excellentes conditions agro-climatiques pour l'agriculture
  • Déficit budgétaire parmi les plus faibles de la CEDEAO

Points faibles

  • Forte dépendance aux exportations minières et à la demande chinoise
  • Croissance peu inclusive et pauvreté toujours élevée (47% vivait en dessous du seuil de pauvreté en 2023), sources de mécontentement social
  • Secteur informel important (42 % du PIB et 96 % de la population active)
  • Agriculture de subsistance (28% du PIB et 50% de la population) sensible aux aléas climatiques
  • Manque d’infrastructures, notamment électriques et de transport
  • Faiblesse des recettes publiques
  • Gouvernement militaire, risque de report du retour à la démocratie et fragilité politique
  • Environnement des affaires difficile

Echanges commerciaux

Export des biens en % du total

Ghana
24%
Chine
22%
Inde
22%
Europe
6%
Suisse
5%

Import des biens en % du total

Europe 28 %
28%
Chine 18 %
18%
Inde 10 %
10%
Émirats arabes unis 7 %
7%
Royaume-Uni 7 %
7%

Perspectives

Les perspectives économiques mettent en lumière les opportunités et les risques à venir, aidant à anticiper les changements majeurs. Cette analyse est essentielle pour toute entreprise cherchant à s'adapter aux évolutions du marché.

Un secteur minier porteur

Après le ralentissement de 2024 causé par l’explosion d’une importante installation d’importation et de stockage de carburant à Conakry, fin 2023, la croissance devrait rebondir en 2025. L’approvisionnement en carburant devrait s’améliorer grâce à l’adaptation de la logistique routière à la suite de l’explosion. Pour autant, les limites du terminal temporaire contraindront 22 % des importations d'essence à être acheminées par camion en 2025, ce qui pèsera encore sur les coûts de transport Malgré cela, l'inflation devrait diminuer en 2025, après son envolée de 2024. La reprise de l’approvisionnement en carburant et la baisse de son prix favoriseront la reprise de l’ensemble de l’économie.

Mais le principal ressort de croissance restera le secteur minier. Après une année de production record en 2024 (140 millions de tonnes), la production de bauxite conservera sa tendance haussière en 2025. Cependant, et malgré les ambitions du gouvernement, le potentiel de transformation de cette bauxite en alumine se résume en une unique raffinerie. Le programme Simandou 2040, visant à exploiter les ressources en fer du pays, sera encore le grand bénéficiaire des investissements directs étrangers. La production de ce minerai devrait débuter fin 2025, avec une augmentation significative des exportations prévue pour 2026. Cela inclut la construction du chemin de fer trans-guinéen (650 km) pour le convoyage jusqu’au port en cours d’extension de Conakry qui doivent tout deux être livrés fin 2025. Le pays augmentera également sa production d'électricité avec le rendement accru des deux barrages hydroélectriques existants. La reprise de la construction de celui d’Amaria augmentera à terme de 40% la production hydraulique nationale.. Un projet de 300 millions de dollars autour du gaz naturel liquéfié (GNL) importé, incluant une centrale électrique de 1 900 MW, sera opérationnel mi-2025, améliorant aussi l'approvisionnement en électricité. L'investissement public sera soutenu par des accords de financement internationaux substantiels : 307 millions de dollars de la Banque de développement et d’investissement de la CEDEAO et 41 millions de la Banque africaine de développement. Cependant, cet essor de l'investissement pourrait être freiné par des difficultés institutionnelles et la non-concrétisation de certains engagements financiers.

Des investissements stratégiques malgré des défis de financement

L'exercice 2024 a été marqué par un assouplissement temporaire de l'orthodoxie budgétaire nécessité par l'explosion. La Loi de finances initiale 2025, promulguée début janvier, engage l'État sur une trajectoire d'investissements stratégiques. Les recettes proviendront principalement des impôts (83 %), ainsi que de dons et de prêts extérieurs, alors que le gouvernement poursuit un objectif de renforcement de l’autonomie financière. Cela passera par la numérisation, l'intensification des contrôles fiscaux, l'élargissement de l'assiette fiscale et l'équipement des services de douanes pour le contrôle des exportations minières. Ce dernier point soutiendra la contribution des recettes minières (20 %) au budget 2025, en veillant à ce que les exploitants de bauxite pratiquent les prix de marché dans leurs transactions intragroupes. Côté dépenses, 62 % seront allouées aux dépenses courantes et 38 % aux investissements, principalement en infrastructures. Les dépenses obligatoires limiteront la capacité de l'État à financer des secteurs prioritaires comme l'éducation et la santé. Bien qu'en baisse, les subventions à l'énergie resteront significatives, représentant 3 000 milliards GNF, soit 300 millions de dollars ou environ 1 % du PIB. En outre, les charges liées à la dette, en particulier domestique (55% de la dette totale), avec le remboursement des obligations du trésor émises en 2023, pèseront. Malgré la fin des dépenses liés à l’explosion, le déficit budgétaire restera important en raison de la reprise des investissements et des dépenses électorales. Il sera financé par recours à l’endettement, à la fois extérieur et domestique. Le gouvernement a fait une demande auprès du FMI, mi-2024, pour un programme assorti d’une Facilité de crédit étendu, mais celle-ci a été rejetée, notamment pour lenteur du retour à un fonctionnement démocratique. Selon l'analyse de viabilité de la dette du FMI et de la Banque mondiale d'avril 2024, le risque de surendettement public global de la Guinée a augmenté mais reste modéré.

Les importations nécessaires à l'exploitation du gisement de Simandou pèseront sur l’excédent commercial, donc sur le solde courant. Le coût élevé des importations d'essence persistera, car le le stockage flottant a remplacé le site portuaire détruit. Cependant, la rationalisation de l’exploitation de la bauxite suite à l’explosion, ainsi que la participation de nouvelles entreprises minières internationales indiquent une tendance positive des exportations. Ces dernières seront également soutenues par un contexte international favorable, avec une demande en hausse pour la bauxite (42% des exportations en 2023), par exemple de la Chine, grande productrice d’aluminium. Les exportations d'or (50 % des exportations totales en 2023) seront en hausse, tant en volume qu’en valeur, mais pourraient être affectées par le retrait de certaines entreprises minières occidentales inquiètes du risque politique au Sahel. Les balances des services et des revenus primaires demeureront structurellement déficitaires, en lien avec l’exploitation minière par les compagnies étrangères. Une bonne partie des importations trouvent leur contrepartie dans les investissements directs étrangers. Les réserves de change resteront faibles équivalant à deux mois d'importations,. Le taux de change effectif réel du franc restera élevé, affectant la compétitivité des produits non miniers et limitant ainsi la diversification économique du pays.

Des élections incertaines et un possible maintien au pouvoir de la junte

À la suite du coup d'État de septembre 2021 qui a renversé le président Alpha Condé, une junte militaire dirigée par le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya a pris le pouvoir. Sous pression de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), elle s'était engagée, en octobre 2022, à mener une transition vers un régime civil, mais n'a pas respecté ses engagements, prolongeant la transition au-delà de décembre 2024 en invoquant la nécessité de reconstruire après l’explosion. En août 2024, le Conseil national de transition (le gouvernement travaillant sous l’autorité de la junte) a présenté un projet de nouvelle constitution, mais n'a pas respecté les délais pour organiser un vote. Ce projet prévoit une limite de deux mandats présidentiels et l'instauration d'un système parlementaire bicaméral. Il permettrait également au Général Doumbouya de se présenter aux élections, contrairement à ce qui est prévu dans la Charte de transition. Le référendum pour adopter cette nouvelle constitution est prévu pour mai 2025, avec des élections présidentielles et législatives potentiellement en octobre. Cependant, les réformes politiques, ainsi que la création d'un nouveau registre électoral et le recensement de la population, préalables aux scrutins, n’ont pas été effectués. De plus, en octobre 2024, un certain nombre de formations politiques a été jugé non conformes, et dissoutes ou mises en examen par le régime. Le gouvernement nie toute intention d'écarter l'opposition, mais les tendances répressives de la junte, telles que l'interdiction des manifestations et les restrictions médiatiques, alimentent la méfiance. Le mécontentement public et les dissensions internes pourraient favoriser un contre-coup d'État.

Les relations entre la Guinée et la CEDEAO se sont améliorées fin février 2024, avec l'assouplissement des sanctions imposées en 2022. Par ailleurs, en raison de ses considérables intérêts miniers, le gouvernement chinois maintiendra de bonnes relations avec les autorités locales, avec pour objectif de préserver et d'étendre ses contrats miniers existants, notamment à travers sa participation au projet minier de Simandou. Enfin, les répercussions des conflits dans les pays sahéliens voisins représentent un risque et pourraient perturber la production minière et agricole.

Dernière mise à jour : mars 2025

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