Une accélération de la croissance, portée par la consommation privée, l’hydroélectricité et le tourisme
Au cours de l’exercice 2025, la croissance sera portée par la consommation privée (86 % du PIB), stimulée par les transferts de fonds des travailleurs expatriés et une légère baisse attendue de l’inflation due à la baisse des prix mondiaux des denrées alimentaires et du pétrole. Toutefois, les dommages causés à la production de riz par les inondations d'octobre 2024 entretiendront les tensions inflationnistes.
L’investissement public et privé continuerait à bénéficier de l’assouplissement monétaire, la banque centrale ayant réduit son taux directeur de 2 points de pourcentage entre mai 2023 et novembre 2024, le fixant à 6,5 %. De nombreux projets sont en cours dans l’hydroélectricité, les autoroutes, et le développement d’une nouvelle ligne de transmission d’électricité.
La croissance devrait également être soutenue par la hausse des exportations de services, portée par le rebond des arrivées touristiques. En outre, les exportations d’électricité bénéficieront de l’accord conclu, début 2024, entre le Népal et l’Inde. D’une durée de 25 ans, celui-ci prévoit l’achat par l’Inde de 10 000 MW d’électricité népalaise sur une période de dix ans. De plus, un accord trilatéral de partage d’électricité, entré en vigueur en novembre 2024, permet désormais au Népal d’exporter 40 MW d’électricité annuellement au Bangladesh via l’Inde.
Une réduction du déficit public, mais un excédent courant affaibli
Le déficit public devrait se réduire avec l’augmentation des recettes fiscales, principalement issues du tourisme, des transferts des travailleurs expatriés et des dons. Par ailleurs, le pays bénéficie de la Facilité de crédit élargie (ECF) du FMI, dotée d’une enveloppe de 376 millions de dollars américains, dont 128,3 millions restent à débourser. En outre, l’endettement public devrait légèrement diminuer.
Le surplus courant devrait se réduire, en raison d’un creusement du déficit commercial, lié à une demande domestique accrue pour les denrées alimentaires et les carburants, ainsi qu’aux aléas climatiques limitant la production agricole locale. L’augmentation des exportations nettes d’électricité sera insuffisante pour compenser la hausse des importations. Néanmoins, le rebond des recettes touristiques, l’aide internationale sous forme de prêts concessionnels et les transferts des travailleurs expatriés continueront de soutenir le compte courant. Les réserves de change devraient rester à un niveau confortable (équivalentes à 9,1 mois d’importations à fin mars 2024).
Un nouveau gouvernement, mais une instabilité chronique
En juillet 2024, Khadga Prasad Sharma Oli, dirigeant du Parti communiste du Népal (marxiste-léniniste unifié) (CPN-UML), a été nommé Premier ministre après la perte du vote de confiance par son prédécesseur Pushpa Kamal Dahal, issu du Parti communiste unifié du Népal (maoïste-centre) (CPN-MC), qui avait tenu cette fonction depuis les élections générales et provinciales de novembre 2022. Cette succession reflète l'instabilité politique chronique du pays, caractérisée par des dissolutions fréquentes et une rotation constante au pouvoir : depuis la transition vers une démocratie parlementaire en 2008, le Népal a connu 14 gouvernements. La nouvelle coalition au pouvoir est composée du CPN-UML, du Parti du Congrès népalais (CN), de centre-gauche, avec un accord de gouvernance alternée jusqu’en 2027, et de plusieurs petits partis. Avec 167 députés des 275 de la Chambre des représentants, le gouvernement bénéficie d’une majorité confortable, lui offrant potentiellement plus de stabilité. Toutefois, la coalition reste menacée par les rivalités et les ambitions personnelles des dirigeants, déterminés à préserver leur influence.
Le Népal s’efforce d’équilibrer ses relations avec la Chine et l’Inde. Avec cette dernière, son principal partenaire commercial et important contributeur d’aide au développement, les liens commerciaux économiques restent solides malgré des différends territoriaux persistants. Cependant, la Chine exerce une influence croissante à travers une coopération importante dans les infrastructures, les échanges commerciaux et le tourisme. En décembre 2024, Pékin et Katmandou ont renouvelé leur partenariat en signant un accord-cadre de trois ans dans le cadre de l’initiative « Ceinture et Route » (BRI), prolongeant le protocole d’accord de 2017. Enfin, le Népal continue de renforcer ses liens avec les États-Unis, bénéficiant d’un Compact de la Millennium Challenge Corporation, doté de 500 millions de dollars et entré en vigueur en 2023, ainsi que du soutien au développement socio-économique assuré par l’Agence américaine pour le développement international (USAID).