Une accélération de la croissance, soutenue par les investissements pétroliers
En 2025, la croissance économique va encore s’accélérer, stimulée par des investissements étrangers et privés significatifs, axés sur le développement du secteur pétrolier. Dès 2023, des projets d'envergure ont été initiés par les entreprises China National Offshore Oil Corporation (CNOOC) et Total Energies. Ces initiatives incluent l'exploitation des gisements situés autour du lac Albert, à l'ouest du pays, notamment sur les sites de Tilenga et Kingfisher. En parallèle, des infrastructures complémentaires, telles que l'oléoduc d'Afrique de l'Est (EACOP), et l'aéroport de Kabalega, dont l'ouverture est prévue en 2025, sont en construction. Le pays ambitionne également d’installer une raffinerie pour limiter l’importation de carburants, projet budgétisé à hauteur de 4 milliards de dollars qui se fera entièrement sur fonds propres. La production de pétrole devrait débuter à la fin de l’année 2025, les recettes pétrolières accélèreront davantage la croissance en 2026. Toutefois, des retards dans le lancement de la production pourraient survenir. En effet, les avancées depuis la découverte du pétrole en 2007 ont été lentes, et le secteur fait face à une vive opposition internationale en raison des préoccupations liées à l’environnement et aux droits humains. Par ailleurs, l'agriculture restera un pilier essentiel de l'économie, représentant 24 % du PIB et 33 % des revenus extérieurs, avec le café en tête, dont les ventes bénéficieront de la hausse des prix sur les marchés internationaux. De plus, les performances du secteur aurifère devraient également se maintenir à un niveau élevé. En 2025, le gouvernement continuera à mettre l'accent sur le développement des services, en particulier le tourisme, dans le cadre du quatrième Plan national de développement (NPD IV). Toutefois, ce secteur devra affronter une forte concurrence régionale, notamment de la part du Kenya et de la Tanzanie. Sur le plan de la demande, la consommation intérieure constituera un autre levier essentiel, soutenue par l’adoption d’une politique budgétaire expansionniste, du moins jusqu’aux prochaines élections début 2026.
L’inflation a diminué en 2024 sous l’effet de la baisse des prix du pétrole et des denrées alimentaires, de la stabilisation du shilling et de la politique monétaire restrictive. Un léger rebond est attendu en 2025, en raison de l’inflation importée liée à la forte demande de biens nécessaires au développement du secteur pétrolier. Néanmoins, elle restera inférieure au seuil de 5 %, en raison de l’afflux de capitaux dans les secteurs pétrolier et minier qui renforcera le shilling. Toutefois, un ralentissement dans la baisse des taux d’intérêt par la Réserve fédérale américaine pourrait alimenter des craintes de dépréciation monétaire. Avec une inflation convergeant vers l’objectif de 5 %, la Banque centrale poursuivra la réduction progressive de son taux directeur en 2025, fixé à 9,75 % en octobre 2024.
Des déficits jumeaux pesant sur la dette publique
Durant l’exercice 2025, le déficit budgétaire devrait se creuser sous l’effet du pic de dépenses publiques, le gouvernement priorisant le développement du secteur pétrolier et d’infrastructures stratégiques. Toutefois, les revenus pétroliers ne commenceront à contribuer significativement aux recettes fiscales qu’à partir de 2026, en raison du démarrage de la production, en principe prévu fin 2025. En parallèle, une forte augmentation des obligations de remboursement de la dette à court terme pèsera également sur le solde budgétaire. La dette publique (60 % extérieure) devrait connaître une légère augmentation en 2025, atteignant le plafond de 50 % du PIB fixé par les autorités, plafond qui aurait été dépassé si la croissance n’était pas aussi forte. En juin 2024, cette dette s’élevait déjà à près de 25 milliards de dollars. Pour freiner cette progression, le gouvernement prévoit de réduire les emprunts intérieurs via les obligations du Trésor au cours du prochain exercice financier qui débutera en juillet 2025, les émissions de dette prévues devant diminuer de 54 % par rapport à la période précédente. Il prévoit parallèlement un retour progressif à l’assainissement budgétaire, en abaissant ses dépenses de plus d’un cinquième et en poursuivant la rationalisation des exonérations fiscales dans le cadre de la stratégie de mobilisation des recettes intérieures (DRMS).
Bien que les exportations profitent de la hausse des cours de l’or et du café, les importations de biens d’équipement et de services techniques nécessaires au développement des projets énergétiques continueront de peser sur le déficit courant, qui se creusera en 2025. Cependant, avec une production pétrolière prévue pour fin 2025 et des exportations pour 2027, les perspectives du solde courant du pays s’annoncent plus favorables les années suivantes. Les autorités ougandaises peinent à obtenir des prêts extérieurs depuis la suspension par la Banque mondiale du financement de nouveaux projets, en signe de désapprobation de la promulgation en mai 2023 d’une nouvelle loi anti-LGBT+. Cependant, la Banque mondiale envisage de lever le gel de ses prêts en contrepartie de la garantie de l’inclusion des personnes LGBT+ dans les projets qu’elle finance. De plus, l’expiration en juin 2024, de la Facilité élargie du FMI, sans nouvel accord en perspective à court terme, exacerbera les risques de financement en 2025. Les IDE resteront donc la principale source de financement. L’encours de la dette extérieure, majoritairement publique (80 %), diminuera car le gouvernement prévoit de réduire de 98 % les emprunts extérieurs dès 2025.
La persistance des menaces sécuritaires à la frontière congolaise
Au pouvoir depuis 1986, le président Yoweri Museveni et son parti, le mouvement national de résistance (NRM), majoritaire à l’Assemblée national, dominent le paysage politique. Le président Museveni a ainsi pu se représenter en 2021 et devrait pouvoir en faire de même lors des prochaines élections prévues pour début 2026. Le soutien de l’armée ainsi que l’absence d’une opposition forte et unie devraient lui permettre de remporter les prochaines élections. Cependant, les échecs persistants du NRM dans la lutte contre la corruption et l’amélioration des services publics continueront d’alimenter la frustration sociale. Les manifestations anti-gouvernementales sont rapidement réprimées par les forces de sécurité, les empêchant d’évoluer vers un mouvement d’ampleur nationale.
En 2025, les forces armées ougandaises et congolaises poursuivront leur collaboration dans le cadre de l’opération Shujaa, une initiative lancée en 2021 pour combattre les Allied Democratic Forces (ADF), rebelles islamistes d'origine ougandaise réfugiés au Nord-Est de la République démocratique du Congo. A l’inverse, des experts de l’ONU attestent du soutien de l’Ouganda au groupe rebelle M23, actif dans la même région et appuyé par le Rwanda, en pointant plusieurs éléments : tolérance des mouvements transfrontaliers du M23 et accueil de cadres du mouvement rebelle sur son territoire. Ces faits risquent de fragiliser la coopération militaire bilatérale avec la RDC. Néanmoins, en septembre 2024, la RDC et l’Ouganda ont convenu de redessiner leurs frontières communes, sources de tensions récurrentes. Les travaux devraient débuter en mai 2025, et les délégations des deux pays se sont rencontrées à Goma pour discuter du budget alloué à l’opération.
Adoptées en 2023, les lois sévères anti-LGBT+ continueront de susciter des tensions avec les partenaires commerciaux, comme en témoigne l’exclusion de l’accord commercial préférentiel AGOA par les Etats-Unis en 2024. Par ailleurs, les projets pétroliers en cours, critiqués pour leurs impacts sur l’environnement et les droits humains, alimentent une indignation internationale. Cependant, le développement du secteur pétrolier naissant renforcera les liens bilatéraux avec la Tanzanie, la Chine et la France, compte tenu de leur implication dans le projet EACOP.