Une croissance accrue grâce à la demande intérieure et au tourisme
La croissance économique de la Thaïlande devrait s'accélérer en 2023, permettant au PIB réel de dépasser enfin son niveau pré-pandémique (2019). Grâce à la levée des restrictions en matière de mobilité, tant au niveau mondial que national, les secteurs liés au tourisme continueront de se redresser. En 2022, les arrivées de touristes internationaux sur la période janvier-novembre représentaient 25% du niveau affiché sur la même période en 2019, alors que cette part n'était que de 0,6% l'année précédente. En 2023, le tourisme devrait également bénéficier de la réouverture des frontières chinoises puisque la Chine était la première source de touristes internationaux avant la pandémie (27,6 % du total en 2019). La reprise du tourisme favorisera l'amélioration du marché du travail et, par conséquent, soutiendra la consommation privée (55 % du PIB en 2021).
Bien qu'il reste plus élevé qu'en 2019, où il s'élevait en moyenne à 1 %, le taux de chômage a baissé, passant de son plus haut niveau depuis 16 ans de 2,3 % au troisième trimestre 2021 à 1,2 % à la même période en 2022. L'inflation diminuera sensiblement, après avoir atteint un taux record non observé depuis 14 ans en 2022, réduisant ainsi son poids sur la consommation privée.
À cet égard, la Banque de Thaïlande a adopté un rythme relativement lent de resserrement monétaire cette même année, avec trois hausses de 25 points de base. La banque centrale thaïlandaise devrait poursuivre son cycle de hausses de taux durant la première partie de 2023. Le resserrement monétaire pourrait peser sur les dépenses des ménages, contraintes par un fort niveau d'endettement (86,8% au troisième trimestre 2022). Malgré la hausse des taux d'intérêt, l'investissement privé devrait rester dynamique dans un contexte de reprise économique. Les vents contraires mondiaux pourraient toutefois affaiblir certaines industries orientées vers l'exportation, comme l'électronique. Parallèlement, l'investissement public sera stimulé par les dépenses en infrastructures, notamment dans le projet de train à grande vitesse qui relie Bangkok et Nong Khai, à la frontière avec le Laos.
Le compte courant de nouveau excédentaire
Au cours de l'exercice 2022, le déficit budgétaire thaïlandais est resté important en raison des mesures de soutien liées à la pandémie et de l'introduction de nouvelles mesures visant à atténuer l'impact de la hausse des prix des matières premières, notamment de l'énergie. En 2023, le solde budgétaire devrait continuer à s'améliorer lentement. Le gouvernement a annoncé une hausse des dépenses publiques pour avec 3,2 trillions de THB, soit 8,5 % de plus que les décaissements budgétaires lors l'exercice 2022. L'investissement public contribuera à cette hausse, car le pays a prévu un ensemble de 77 méga-projets d'infrastructure d'une valeur de 1 000 milliards de THB (30 milliards d'USD) entre 2020 et 2027 pour accroître la connectivité et soutenir le développement économique à long terme. Parallèlement, les mesures fiscales destinées à aider les ménages et les entreprises à faire face aux conséquences économiques de la pandémie, ainsi qu'à l'inflation élevée, seront davantage ciblées sur les ménages à faible revenu et les groupes vulnérables. Du côté des recettes, la reprise économique devrait les stimuler. Néanmoins, des réductions d'impôts ont été introduites pour soutenir l'économie (réduction de la taxe foncière et immobilière ainsi que de la taxe sur le kérosène). La dette publique dépasse 60 % du PIB depuis l'exercice 2022. Elle augmentera légèrement en 2023, tout en restant sous le plafond d'endettement de 70%. Les risques liés à cette augmentation significative pendant la pandémie ont été limités grâce au profil de la dette. Celle-ci est principalement à long terme (85,5% du total à la fin de l'année fiscale 2022) et domestique (98,2%).
Après s'être creusé en 2022 avec la hausse des prix mondiaux de l'énergie, le compte courant devrait redevenir excédentaire en 2023 grâce à un rebond du tourisme. Dans le même temps, la balance commerciale des biens restera déficitaire, car les prix de l'énergie resteront élevés et le ralentissement de l'économie mondiale devrait affecter les performances des exportations. L'excédent courant devrait permettre d'éviter un nouvel appauvrissement des réserves de change lié à des sorties de capitaux. Bien que leur niveau reste adéquat (8 mois d'importations en novembre 2022), elles ont sensiblement diminué, passant de 222 milliards de dollars en janvier à 190 en novembre 2022. L'excédent soutiendra également le baht, qui s'est affaibli face au dollar (- 4 % en moyenne en décembre 2022 par rapport à fin 2021).
Incertitudes à l'approche des élections générales de 2023
Alors que les manifestations appelant à des réformes de la monarchie et à la démission du Premier Ministre (PM) Prayut Chan-ocha se sont atténuées en 2022, le gouvernement a continué à faire face à un mécontentement du public et de la classique politique croissant. En juillet 2022, le PM et son gouvernement ont survécu à son quatrième vote de défiance depuis son entrée en fonction en 2019. Les prochaines élections sont prévues en mai 2023. N'étant pas membre du parti pro-junte au pouvoir, le Palang Pracharath Party, Prayut a déclaré qu'il rejoindrait le Ruam Thai Sang Chart, récemment créé, avant les prochaines élections. Il est probable qu’il soit ensuite désigné comme un des candidats du parti pour le poste de PM (maximum trois candidats par parti). Reste à savoir si la chambre haute, nommée par les militaires, continuera à soutenir le général et PM Prayut, qui a mené le coup d'État en 2014. Le vote du Sénat est pourtant crucial pour la nomination du nouveau Premier ministre. Même s'il est réélu, la constitution obligerait Prayut à se retirer à mi-mandat, car il aurait atteint la limite de son mandat.
Alors qu'elle a voté en faveur des premières résolutions condamnant la Russie, la Thaïlande s'est abstenue de voter lors de l'assemblée générale des Nations unies en octobre et novembre 2022. En septembre, les deux pays avaient convenu de porter le commerce bilatéral à 10 milliards de dollars en 2023, contre 2,7 milliards en 2021.