Les tensions commerciales actuelles initiées par l'administration Trump continuent de peser sur les conditions économiques en Amérique du Nord. Alors que le Canada navigue dans un paysage électoral de plus en plus imprévisible, les États-Unis sont confrontés à des défis économiques qui mettent en évidence leurs vulnérabilités.
Canada : résilience économique dans un contexte d'incertitude politique
Malgré les différends tarifaires en cours, l'économie canadienne a fait preuve de résilience fin 2024, avec une croissance du PIB supérieure aux attentes au quatrième trimestre (+2,6 % en rythme trimestriel annualisé) et une révision à la hausse des chiffres du troisième trimestre (2,2 % contre 1,0 % précédemment). Cependant, ces évolutions ont précédé la transition de l'administration américaine, introduisant de nouvelles variables dans la trajectoire économique du Canada.
Les données économiques fournissent des informations précieuses sur les conditions du marché, mais elles sont souvent sujettes à des retards. Les indicateurs de données concrètes, tels que la production industrielle et les ventes au détail, offrent des évaluations concrètes des performances économiques, mais accusent généralement un retard de plusieurs mois. En revanche, les indicateurs subjectifs, tels que l'indice PMI manufacturier de S&P Global, offrent des signaux plus immédiats (bien qu'ils puissent être moins fiables). Un résultat inférieur à 50 suggère une contraction économique, et en février, cet indice a baissé de près de quatre points, reflétant la détérioration du climat des affaires (voir graphique).
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Malgré ces indicateurs, les fondamentaux économiques du Canada restent stables au premier trimestre. Les droits de douane actuellement en vigueur - visant l'acier, l'aluminium et les marchandises non conformes à l'AEUMC - ont eu un impact macroéconomique relativement limité par rapport aux menaces plus larges précédemment émises par l'administration Trump. Cependant, l'incertitude persiste, avec de nouveaux droits de douane potentiels sur des industries clés telles que les produits laitiers, le bois et le cuivre. La mise en œuvre progressive de restrictions commerciales suggère une stratégie visant à montrer la volonté d'agir sans déclencher un ralentissement sévère aux États-Unis.
Le paysage politique canadien a également été façonné par ces tensions commerciales. Au départ, une victoire du Parti conservateur semblait hautement probable, mais le changement de sentiment des électeurs a ravivé le soutien au Parti libéral. Les principaux développements sont les suivants :
- L'imposition par le gouvernement canadien de droits de douane de rétorsion sur 42 milliards de dollars d'importations américaines, renforçant l'unité nationale.
- L'abrogation par le Premier ministre Mark Carney de la taxe carbone sur la consommation, une mesure visant à séduire les électeurs centristes et conservateurs.
- Les efforts du Parti libéral pour regagner le soutien des électeurs centristes et de ceux qui étaient auparavant alignés sur le Nouveau Parti démocratique (NPD).
Avec des élections anticipées prévues pour le 28 avril, l'issue reste incertaine. Les libéraux et les conservateurs peuvent tous deux obtenir la majorité. Ils peuvent également échouer, ce qui peut faire intervenir des partis plus petits (le NPD ou le Bloc Québécois).
Quel que soit le résultat des élections, les relations commerciales avec les États-Unis resteront un enjeu majeur. Si les dirigeants canadiens peuvent continuer à adopter une position ferme à court terme, des tensions économiques prolongées pourraient finalement inciter à une désescalade.
L'économie américaine : exceptionnelle mais pas invincible
Les craintes grandissantes d'une récession aux États-Unis laissent penser que les décisions de politique commerciale pourraient avoir des répercussions économiques importantes. L'administration américaine a indiqué qu'elle était prête à tolérer des perturbations économiques à court terme pour atteindre des objectifs commerciaux plus larges. Cependant, la mesure dans laquelle cette stratégie peut être maintenue reste incertaine.
L'imposition de droits de douane de 20 % sur les importations chinoises, ainsi que des mesures similaires attendues pour l'Union Européenne le 2 avril, devraient exercer une pression à la baisse sur la croissance économique américaine. Étant donné que le commerce avec l'UE est comparable en ampleur à celui avec le Canada ou le Mexique, augmenter considérablement le risque de récession en 2025
Identifier les vulnérabilités économiques
L'évaluation de l'impact des droits de douane nécessite une analyse des dépendances sectorielles vis-à-vis des importations étrangères. Les industries américaines fortement dépendantes des importations sont plus vulnérables aux perturbations commerciales. Si les industries automobile et sidérurgique ont suscité une attention particulière, d'autres secteurs, tels que la distribution, sont également très exposés. Les États-Unis restent dépendants des importations de vêtements en provenance de Chine et, à court terme, les efforts de diversification pourraient s'avérer insuffisants pour compenser la hausse des coûts, ce qui aurait un impact sur les détaillants comme sur les grossistes.
Les récentes tendances du marché du travail mettent en évidence d'autres vulnérabilités. Si les réductions d'effectifs dans le secteur public ont été au centre des préoccupations, les licenciements dans le secteur de la vente au détail ont également été importants.
Étant donné que le commerce avec l'UE est comparable en volume à celui avec le Canada ou le Mexique, ces politiques pourraient contribuer à une stagnation ou à une légère contraction au premier trimestre 2025.
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Perspectives
Le différend commercial entre les États-Unis et le Canada reste dynamique, sans qu'une résolution claire ne soit en vue. Les deux économies sont confrontées à des défis, et l'incertitude politique persistante pourrait exacerber la volatilité économique. Bien que les conditions économiques à court terme restent fluides, les entreprises et les décideurs politiques doivent suivre de près ces évolutions pour s'adapter à un paysage en constante évolution.
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