Une activité très dépendante du tourisme
Après son rebond exceptionnel de 2021 et 2022, la croissance s’est assagie, retrouvant son niveau prépandémique en 2023, toujours principalement portée par le tourisme, qui a contribué à une réduction du taux de chômage à 8,8 % de la population active. En 2024, l’activité économique devrait ralentir modérément. Elle sera de nouveau stimulée par le tourisme, principale source d’emploi et de recettes d’exportation, ces dernières correspondant à 37,1 % du PIB en 2023 contre 32,7 % en 2022. Il conservera le rythme de 2023, avec une augmentation de 11% en glissement annuel des arrivées touristiques, 80 % en provenance des États-Unis. Par ailleurs, la construction liée au tourisme, notamment hôtelière, soutenue par les flux d’investissements directs étrangers, mais aussi des investissements locaux, aussi bien publics que privés (22,4 % du PIB en 2023, pour l’ensemble de l’investissement), alimentera aussi la croissance et conduira à la création d’emplois. Le déploiement du Sand Dollar, monnaie numérique introduite par la Banque centrale des Bahamas (CBB) en 2020, et la conformation aux règlementations AML/CFT (règlementation financière sur la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme) du GAFI (Groupe d'action financière internationale) stimuleront le secteur financier (environ 15 % du PIB en 2022). Cependant, la consommation domestique gardera sa faiblesse, notamment en raison de l'inflation persistante. Toutefois, cette dernière devrait conserver sa trajectoire descendante, soulageant le pouvoir d'achat des ménages.
La croissance des exportations de biens (6% du PIB) devrait ralentir (7,4 % en 2023), les États-Unis représentant 64 % du total en 2022. Cela affectera particulièrement les exportations de carburant destiné à l’avitaillement, de timbres postaux et de crustacés, représentant respectivement 28 %, 19 % et 17 % des exportations totales en 2022.
Amélioration des finances publiques malgré un endettement toujours élevé
Lors de l’exercice 2022/23, le déficit public s’est encore réduit. Le rebond touristique, conjugué au retrait progressif de l'aide financière liée à la pandémie, a permis d'améliorer les finances publiques. L'élargissement de l'assiette fiscale, l'amélioration de la collecte des impôts et la maîtrise des dépenses (24,2 % du PIB en 2022/23) devraient aussi contribuer à réduire de nouveau le déficit public pour l’exercice 2023/24. En effet, le gouvernement vise à atteindre un excédent budgétaire d'ici 2026. Les dépenses publiques restent modérées, avec une priorité donnée au soutien des individus, des PME et des institutions publiques. Le poids de la dette limite la marge de manœuvre budgétaire. La charge d’intérêts représente 4,2 % du PIB et près de 21 % des recettes totales pour l'exercice 2023/24. L'endettement en devises étrangères est projeté à 36 % du PIB en fin d’exercice 2024. L'exposition au risque de change est atténuée par l’ancrage du BSD au dollar américain. Le risque souverain demeure élevé, comme en témoignent les écarts de taux souverains. Le besoin brut de financement continue d’être projeté à un niveau préoccupant (15 % du PIB en 2024), bien qu’il ait été satisfait par des émissions domestiques et des prêts de la CBB. Cela reste un défi, malgré le refinancement de l’obligation extérieure de 300 millions de USD arrivant à échéance mi-janvier 2024. La prochaine échéance sur le marché extérieur est prévue pour 2029, pour une valeur nominale de 800 millions de dollars.
En 2023, le déficit courant a diminué, principalement grâce à l’essor du tourisme. En 2024, il se réduira encore grâce à la baisse des prix mondiaux des matières premières et de l'énergie, projetés tout de même pour rester élevés. L’excédent des revenus secondaires se réduira légèrement en raison de la diminution des remises d’expatriés (environ 2 % du PIB en 2022), mais cela sera compensé par une augmentation de l'excédent de la balance des services, stimulée par les flux touristiques. La forte dépendance aux importations continuera d’expliquer l’importance du déficit courant. En effet, les Bahamas dépendent fortement des importations en provenance des États-Unis (85 % des importations totales en 2022, ces dernières représentant 43 % du PIB la même année), notamment pour satisfaire leurs besoins en carburant (16 % des importations, dont 83 % en provenance des États-Unis). Le déficit continuera d’être financé par le flux d’IDE (4,1 % du PIB en 2022) et des emprunts du secteur public. La Banque centrale des Bahamas (CBB) continuera de soutenir l'ancrage du dollar bahamien tout en maintenant des réserves de change suffisantes (l’équivalent d’environ cinq mois d'importations).
Un contexte politique stable, une criminalité persistante
Les Bahamas reconnaissent le roi britannique Charles III comme chef d'État, tandis que le gouvernement est dirigé par le Premier ministre Philip Davis depuis les élections législatives de 2021. La stabilité politique devrait se maintenir jusqu'aux prochaines élections prévues en 2026. Elle est assurée par la solide majorité du Parti libéral progressiste (PLP), parti populiste de centre-gauche dirigé par P. Davis. Le PLP détient une position dominante avec 32 des 39 sièges à la Chambre d'assemblée et 12 des 16 sièges au Sénat. L'opposition politique est représentée par le Mouvement national libre (FNM), qui occupe les 7 sièges restants de la Chambre. Par ailleurs, l’archipel est confronté à plusieurs défis, notamment une criminalité élevée, un coût de la vie onéreux et des tensions inflationnistes, qui alimentent le mécontentement populaire. La criminalité violente, souvent liée au trafic de drogue transnational, reste une préoccupation majeure pour la population et pourrait dominer le débat politique. Néanmoins, de nets progrès ont été réalisés dans les réglementations visant à lutter contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme (AML/CFT). En outre, l’administration Davis intensifie les efforts pour lutter contre l'immigration clandestine dans le contexte de l'aggravation de la crise en Haïti et de l'augmentation des tentatives d'entrée illégales dans les eaux bahamiennes.
Sur le plan extérieur, les Bahamas entretiennent des relations bilatérales solides avec les États-Unis et le Royaume-Uni. Le pays cherche également à développer des relations avec de nouveaux partenaires. En 2022, un accord a été signé avec les Émirats arabes unis pour explorer des initiatives visant à promouvoir le tourisme entre les deux pays. En 2023, un accord avec le Botswana a été conclu pour renforcer la coopération dans les secteurs du tourisme, des services financiers et plusieurs autres domaines.