Bénin

Afrique

PIB / Habitant ($)
1 433,0 $
Population (en 2021)
13,7 Millions

Evaluation

Risque Pays
B
Climat des affaires
C
Précédemment
B
Précédemment
C

suggestions

Résumé

Points forts

  • Croissance potentielle élevée, basée notamment sur le tourisme, le commerce de transit et l’amélioration des rendements agricoles
  • Position stratégique (accès à la mer pour les pays de l’hinterland : l’oléoduc de 2000 km du Niger au Bénin est achevé)
  • Réformes structurelles efficaces : investissement et assainissement budgétaire
  • Soutien des organismes multinationaux et des partenaires bilatéraux

Points faibles

  • Economie peu diversifiée (exportations reposant sur le coton et le ré-export et importations d’énergie et de nourriture)
  • Lacunes en matière de gouvernance : corruption, bureaucratie, arbitraire politique et judiciaire
  • Taux de pauvreté élevé (47 %), niveau de sous-emploi élevé (70 %), secteur informel massif (90% des emplois), en lien avec une agriculture de subsistance
  • Insécurité dans le nord due aux incursions islamistes
  • Tensions avec le Niger voisin

Echanges commerciaux

Export des biens en % du total

Bangladesh
37%
Inde
15%
Pakistan
7%
Togo
5%
Chine
5%

Import des biens en % du total

Europe 20 %
20%
Inde 17 %
17%
Chine 13 %
13%
États-Unis d'Amérique 5 %
5%
Nigéria 5 %
5%

Perspectives

Cette rubrique est un véritable outil pour le directeur financier ou le credit manager dans l'entreprise. Elle informe sur les moyens de paiement à utiliser et sur la façon de mener des actions de recouvrement.

Des perspectives économiques prometteuses, soutenues par des projets de diversification

En 2023, la croissance économique s’est montrée résiliente en dépit de vents contraires, grâce aux investissements publics et privés. Sa légère baisse s’explique, à la fois, par une production agricole (30% du PIB) plus faible, affectée par des conditions climatiques défavorables, par une baisse de la consommation des ménages en raison de la nette hausse de l’inflation causée par l’augmentation du prix du pétrole en provenance du Nigeria (principal fournisseur d’essence du Bénin), et par la fermeture de la frontière avec le Niger. En 2024, la croissance devrait légèrement progresser, principalement tirée par l’investissement, notamment dans le secteur de la construction avec la phase II de l’expansion de la zone industrielle Glo-Djigbé (GDIZ). Ce partenariat public-privé entre le gouvernement béninois et le groupe ARISE Integrated Industrial Platforms (ARISE IIP) consiste à construire une zone industrielle de 1 640 hectares (actuellement 400 hectares déjà occupés par 36 investisseurs et 12 usines), principalement dédiée à la transformation de produits agricoles locaux, notamment celle du coton en articles textiles, mais également à la production de matériaux de construction, à la transformation du bois, à l'emballage, et à la production de médicaments génériques. La GDIZ devrait permettre d’augmenter la production manufacturière ainsi que les exportations, soutenant la croissance économique. L’exportation de noix de cajou brute a d’ailleurs été interdite depuis début 2024 afin de favoriser sa transformation sur place. La GDIZ s’inscrit dans le cadre du Plan National de Développement (PAG II, 2021-2026) qui vise à renforcer la compétitivité de l’économie béninoise, à diversifier ses sources de croissance, à créer des emplois et à réduire la pauvreté. Les dépenses publiques resteront importantes avec ce plan, qui prévoit notamment l’amélioration de la compétitivité du port de Cotonou, avec un projet d’extension du bassin portuaire (107,7 milliards FCFA, soit environ 164 millions d’euros) et la construction d’un nouveau terminal (coût de 98,3 milliards FCFA, soit environ 125 millions d’euros) afin d’augmenter les capacités d’accueil des navires. La production agricole (coton, maïs) devrait augmenter en 2024, aidée par les subventions gouvernementales notamment sur les engrais, soutenant ainsi les exportations. Par ailleurs, une reprise durable des exportations de pétrole en provenance du Niger, acheminé via l’oléoduc transfrontalier, reste très incertaine en raison des tensions accrues entre les deux pays. La consommation privée ne devrait contribuer que faiblement à la croissance économique en raison de la persistance de l’inflation, bien que celle-ci reste dans la fourchette de l’UEMOA (1-3%).En effet, les goulots d’étranglement de la chaîne d’approvisionnement persisteront, en raison des tensions accrues au nord du pays et d’un maintien probable de la fermeture de la frontière côté Niger.

Consolidation des comptes publics et réduction du déficit courant à l’œuvre

En 2023, le déficit public a diminué grâce à une mobilisation accrue des recettes fiscales en hausse de 0,7 point de pourcentage (15% du PIB) et à une rationalisation des dépenses à hauteur de 0,6 point de pourcentage (19,2% du PIB). L’assainissement budgétaire, prévu dans le cadre du programme du FMI financé par la Facilité Elargie de Crédit (FEC) et le Mécanisme Elargi de Crédit (MEDC), d’une durée de 42 mois (approuvé en 2022 avec un montant total de 638 millions de dollars), devrait se poursuivre en 2024. Le projet de loi de finances 2024 projette une hausse des ressources budgétaires de 12,8% par rapport à 2023, en application d’une stratégie de mobilisation des recettes à moyen terme (MRMT). La MRMT vise à générer 0,5 % du PIB de recettes supplémentaires chaque année grâce à un élargissement de l’assiette fiscale, à une amélioration de la conformité fiscale et à un renforcement de la surveillance via la numérisation des systèmes fiscaux. Néanmoins, le poids important de l’économie informelle (environ 60% du PIB), constitue un frein. Les dépenses publiques devraient augmenter de 8,7% en 2024, selon le budget de l’Etat, en raison notamment de l’expansion militaire compte tenu de la menace sécuritaire accrue au nord du Bénin. Par ailleurs, les dépenses publiques prévues dans le cadre du PAG II et pour l’expansion du port de Cotonou continueront de peser sur le déficit. Le déficit public sera majoritairement financé par la dette extérieure, représentant 37% du PIB (18% du PIB pour la dette publique domestique) avec notamment l’émission d’euro-obligations en février 2024 (750 millions de dollars avec une échéance de 14 ans et un coupon en dollars de 7,96%). Les fonds seront en partie utilisés pour financer des projets de développement dans le cadre du PAG II. Le ratio de la dette publique devrait rester stable, toujours inférieur au seuil de l’UEMOA fixé à 70% du PIB, grâce à la poursuite de l’assainissement budgétaire et au dynamisme de la croissance.

Le déficit du compte courant devrait se réduire en 2024 en raison d’une hausse des exportations soutenue par l’expansion de la zone industrielle Glo-Djigbé et du port de Cotonou. Néanmoins, la balance commerciale restera déficitaire en raison des besoins élevés en biens d’équipement, en lien avec les différents projets de construction, soutenant ainsi les importations. Le déficit des services devrait persister, alors que les recettes liées aux activités de transbordement de pétrole restent très incertaines. L’excédent du compte des revenus secondaires augmentera légèrement, soutenu par les envois de fonds des expatriés et les aides-projets, tandis que le déficit du compte des revenus primaire persistera, en raison de rapatriement des bénéfices par les entreprises étrangères et des intérêts payés sur les titres de créances. Le solde courant sera financé par les flux d’IDE attirés par les expansions industrielles et portuaires, par les déboursements du FMI, ainsi que par l’euro-obligation récemment émise.

Entre le Niger et le Bénin, une frontière sous tension

Réélu en 2021 pour 5 ans, le président Patrice Talon a visé à marginaliser l’opposition politique, par l’empêchement électoral (arrestations ciblées) et l’instrumentalisation de la justice (nomination des magistrats). Lors des élections législatives de janvier 2023, deux partis politiques associés à P. Talon ont obtenu 81 des 109 sièges de l’Assemblée nationale, renforçant alors davantage la position du président, bien que ce dernier ait affirmé, en février 2024, qu’il ne briguera pas de troisième mandat en 2026 (nécessitant un amendement constitutionnel en raison de la limite fixée à deux mandats).

Depuis 2019, le Bénin fait face à des attaques de groupes djihadistes au nord de son territoire, venant principalement du Burkina Faso. Face à cela, les autorités béninoises créent de nouvelles bases opérationnelles et recrutent activement du personnel, avec un objectif annoncé en avril 2023 de recruter 5000 militaires. Cotonou cherche du soutien à l’international, notamment auprès de la France, mais également de l’Union européenne qui a annoncé débloquer 47 millions d’euros pour soutenir sa lutte (destinés à l’acquisition de matériel et des équipements). De plus, les autorités béninoises ont trouvé des relais complémentaires en la Chine (envoi de drones de reconnaissance et de combat) et les pays du Golfe, potentiels pourvoyeurs d’investissements, ainsi que le Rwanda à travers la conclusion d’un accord de sécurité portant sur la formation policière et anti-terroriste en septembre 2022. Par ailleurs, la frontière avec le Niger est également devenue une source d’inquiétude depuis le renversement du président nigérien Mohamed Bazoum par les militaires, en juillet 2023. Malgré la levée des sanctions économiques de la CEDEAO et la réouverture de la frontière côté Bénin, fin février 2024, Niamey a, de son côté, gardé cette frontière fermée, le justifiant par l’existence des bases militaires françaises au Bénin, bien que le gouvernement béninois et l’état-major français la réfutent. En réponse, Porto Novo avait interdit l'embarquement et l’exportation du pétrole brut nigérien, acheminé via le nouvel oléoduc inauguré en novembre 2023, à partir du port de Sèmè, bloquant ainsi un million de barils de brut extraits par la China National Petroleum Corporation. Malgré la médiation des autorités chinoises, les tensions devraient rester élevées, surtout après l'arrestation et la condamnation pour fraude de cinq ressortissants nigériens au port de Sèmè. En réponse, le Niger a fermé le pipeline début juin, alors qu’une autorisation temporaire avait été accordée par le Bénin mi-mai, permettant le chargement d’un premier navire. La Chine, qui a octroyé, en mai 2024, une avance de 400 millions de dollars au Niger, remboursable sur les recettes générées par la vente du brut nigérien (prévue sur 12 mois), devrait continuer la médiation entre les deux pays, dans le but d’apaiser les tensions.

Dernière mise à jour : mai 2024

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