Cameroun

Afrique

PIB / Habitant ($)
1 722,8 $
Population (en 2021)
28,6 Millions

Evaluation

Risque Pays
C
Climat des affaires
D
Précédemment
C
Précédemment
D

suggestions

Résumé

Points forts

  • Richesses naturelles diversifiées (pétrole, gaz naturel, fer, bois, cacao, etc.)
  • Développement des capacités gazières dans une conjoncture propice à court terme
  • Fort potentiel hydroélectrique
  • Efforts de modernisation des infrastructures de transport (ports, routes, chemins de fer)
  • Acteur majeur de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC)
  • Franc CFA adossé à l’euro, mais réserves communes de la Banque des Etats d’Afrique centrale (BEAC) limitées

Points faibles

  • Environnement des affaires instable, mauvaise gouvernance et corruption endémique
  • Déficit infrastructurel (énergie, accès à l’eau, assainissement)
  • Comptes extérieurs et publics dépendants du cours des matières premières (surtout d’un secteur pétrolier sur le déclin)
  • Efforts insuffisants de mobilisation des recettes publiques (14,5 % du PIB en 2023)
  • Insécurité dans l’ouest et le nord du pays (mouvements sécessionnistes et terrorisme)
  • Succession du président Biya (91 ans, en poste depuis 1982) source d’incertitude politique

Echanges commerciaux

Export des biens en % du total

Europe
42%
Inde
12%
Chine
8%
Malaisie
6%
Tchad
4%

Import des biens en % du total

Europe 23 %
23%
Chine 21 %
21%
Russie (Fédération de) 7 %
7%
Inde 7 %
7%
Singapour 3 %
3%

Perspectives

Cette rubrique est un véritable outil pour le directeur financier ou le credit manager dans l'entreprise. Elle informe sur les moyens de paiement à utiliser et sur la façon de mener des actions de recouvrement.

Dépendance de la croissance au fer et au gaz naturel

En 2025, comme en 2024, la croissance économique au Cameroun devrait être soutenue par l’agro-alimentaire, la sylviculture et les services, mais aussi par l’exploitation minière et gazière. En particulier, le développement des exportations de gaz naturel (15,5 % des exportations en 2023 contre 8,5 % en 2021), grâce à l’amélioration des capacités productives de la plateforme Hilli Episeyo, et la multiplication des projets de mines de fer permettront de compenser partiellement le déclin du secteur pétrolier dont le pays est encore largement dépendant (33,3 % des exportations et 4 % du PIB en 2023). Une telle réorganisation de l’industrie extractive sera appuyée par un secteur de la construction dynamique grâce à la poursuite de grands projets d’investissement dans les transports (extension de la zone industrialo-portuaire de Kribi, prolongement des réseaux de chemin de fer et autoroutier) et les infrastructures énergétiques (mise en service prochaine de la centrale hydroélectrique de Nachtigal, qui devrait fournir 30 % de la production électrique nationale), en cohérence avec le plan décennal 2020-2030 (Stratégie Nationale de Développement). En parallèle, l’Etat poursuit ses efforts pour réduire sa dépendance aux importations et renforcer son autonomie alimentaire (plan d’import-substitution PIISAH). L’investissement, stable à 18,6 % du PIB en 2023, proviendra encore en grande partie de sources privées malgré une mobilisation croissante des financements publics dès 2025. Sous l’effet d’une baisse des prix à l’importation, les pressions inflationnistes devraient reculer mais resteront encore au-dessus de la cible de 3 % malgré la politique monétaire restrictive de la BEAC, qui maintient son principal taux directeur à 5 % depuis 2023. La consommation privée (76,2 % du PIB en 2023), confortée par le ralentissement de l’inflation, demeurera une composante essentielle de la croissance en 2025, même si elle risque d’être fragilisée à mesure que le gouvernement réduira la subvention sur les carburants, ce qui devrait se traduire par une hausse des prix à la pompe.

Assainissement des finances publiques sous l’égide du FMI

Accompagné par le FMI, le gouvernement poursuit sa politique de consolidation budgétaire. Un effort sur plusieurs fronts – concédé en échange de 835 millions de dollars de financements sur quatre ans en 2021 – combinant à la fois une optimisation des dépenses courantes de l’Etat et une hausse des recettes publiques, encore trop faibles, pour alléger le poids de la dette dans le PIB, qui devrait continuer de porter ses fruits en 2025. Cela passe d’abord par une baisse des transferts à destination des ménages, avec la suppression progressive de la subvention sur les carburants (0,9 % du PIB en 2023), et une modération de la croissance des salaires, qui comptent pour 20,4 % du budget de l’Etat en 2023. En parallèle, la poursuite des réformes fiscales, dirigées vers une meilleure prise en compte du secteur informel (30 % du PIB pour une contribution fiscale inférieure à 5 %), devrait permettre d’assurer une meilleure mobilisation des revenus non pétroliers (seulement 13,5 % du PIB en 2023), leur pendant étant sur le déclin. Ces mesures, plutôt modestes en réalité, sont majoritairement destinées à financer la hausse des dépenses en capital (3,9 % du PIB en 2024), indispensables pour accélérer sur les projets d’investissement. En conséquence, le déficit public devrait légèrement diminuer en 2025, s’approchant de l’équilibre, si bien que le poids de la dette publique dans le PIB, détenue à 69,1 % par des créanciers extérieurs en 2023, devrait lui-aussi encore s’alléger, bien en-deçà du seuil communautaire de 70 % du PIB prescrit par la CEMAC.

Le Cameroun conserve un déficit structurel de sa balance courante, entretenu par la baisse des exportations de produits pétroliers et la persistance des dépenses d’importation de biens et surtout de services (liées au fret de marchandises et au développement du secteur extractif). Pourtant, le dynamisme des exportations de gaz naturel, de produits miniers et de cacao, malgré la baisse des prix mondiaux, devrait quand même permettre de réduire un petit peu le solde négatif de la balance commerciale en 2025. D’autant que la mise en service du barrage de Nachtigal refoulera également les besoins en carburants importés pour la production d’électricité. La contrepartie étant que le solde des revenus primaires, largement déficitaire à cause des rapatriements de dividendes et de bénéfices des compagnies gazières et minières (le plus souvent étrangères), ne sera que partiellement compensé par l’accroissement des transferts de la diaspora, composante essentielle des revenus secondaires. In fine, le déficit du compte courant devrait plus ou moins se maintenir, en 2025, au même niveau qu’en 2024 par des jeux de compensation, même s’il reste vulnérable à la volatilité des marchés des matières premières.

Insécurité et risque politique pèsent sur le développement économique

Carrefour stratégique entre Afrique de l’Ouest et Afrique centrale, le Cameroun s’oppose à un mouvement séparatiste dans les régions anglophones, limitrophes du Nigéria. Les combats, ponctués d’exactions des deux côtés, s’éternisent alors que les propositions de négociation échouent invariablement. De surcroît, les attaques perpétrées par des groupes terroristes (Boko Haram ou Etat Islamique) accentuent la pression sécuritaire dans le Nord du pays. Sur le plan politique, le président Paul Biya, âgé de 91 ans, s’accroche au pouvoir depuis 1982. Son éventuelle candidature pour le scrutin présidentiel de 2025 ne ferait que reporter les interrogations autour de sa succession, toujours en suspens et source majeure de risque politique. Face à lui, l’opposition, muselée, peine à exister et le mécontentement de la population gronde, d’autant que les députés se sont entendus pour repousser d’un an les prochaines élections législatives – verrouillées par des fraudes – qui devaient se tenir en mars 2025.

À l’international, le Cameroun entretient toujours de solides relations avec la France, partenaire historique, avec 1,5 milliard d’euros engagés par l’AFD entre 2016 et 2023. Mais le pays du bassin du Congo cherche aussi à se diversifier. La Chine, partenaire économique majeur, multiplie les investissements dans les infrastructures minières et portuaires locales, dans le cadre de sa politique africaine. Sur le plan sécuritaire, Yaoundé maintient ses liens avec la Russie, en renouvelant en 2022 sa coopération militaire pour cinq années supplémentaires. Plus regardant sur le respect des droits humains, les Etats-Unis refusent, pour l’instant, de réintégrer le Cameroun dans l’AGOA (African Growth Opportunity Act), dont il est exclu depuis 2019 et qui lui permettait de bénéficier d’un accès préférentiel au marché américain.

Dernière mise à jour : juillet 2024

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