Energie

Asie-Pacifique
Risque élevé
Europe centrale et de l'est
Risque élevé
Amérique Latine
Risque élevé
Moyen-orient et Turquie
Risque moyen
Amérique du Nord
Risque moyen
Europe de l'Ouest
Risque moyen

Résumé

Points forts

  • De nouvelles méthodes de financement qui partagent les risques entre les producteurs et les investisseurs.
  • Efforts des compagnies pétrolières pour abaisser leur seuil de rentabilité
  • Diversification des grandes entreprises
  • Les énergies renouvelables restent sur une tendance dynamique malgré la crise

Points faibles

  • Niveaux d'endettement élevés, en particulier pour les entreprises exploitant des huiles non conventionnelles
  • Forte volatilité des prix du pétrole brut
  • Surcapacité des entreprises du secteur, et du segment des services pétroliers et gaziers
  • Forte pression des activistes environnementaux pour réduire les investissements

Evaluation des risques sectoriels

La réouverture des économies a permis à l’activité économique de rebondir. Coface prévoit une croissance mondiale de 4,1 % pour 2022, après 5,6 % en 2021. Cela renforcera la demande d’énergie, notamment pour les produits pétroliers utilisés dans le secteur des transports. Coface prévoit que le prix du pétrole brut Brent sera en moyenne de 75 dollars en 2022, contre 71 dollars l’année précédente. Cette remontée des prix se répercute sur l’ensemble de l’industrie, mais par des effets hétérogènes sur les activités pétrolières en amont et en aval.

Bien que le segment en amont bénéficie de la hausse des prix, les industries en aval devraient souffrir de la hausse des coûts d’acquisition du pétrole brut. En outre, les raffineries doivent faire face à de nouvelles normes, notamment environnementales, et à une demande plus faible qu’avant la crise.

La concurrence accrue due à l’émergence de nouvelles raffineries dans les pays émergents pourrait également réduire les marges du secteur. Les opérations de raffinage devraient reprendre au cours de l’année 2022, avec des disparités selon les zones géographiques. La reprise économique dépend à la fois de l’exposition des pays au virus et des réponses gouvernementales visant à stimuler l’économie.

De plus, il faut reconnaître que les programmes de relance s’inscrivent dans la volonté des gouvernements de favoriser une économie à faible émission de carbone, encourageant ainsi le développement des énergies renouvelables et la possession de véhicules électriques, une orientation qui était déjà poussée avant la crise de la COVID-19. Cela remet donc en question la pérennité du secteur des hydrocarbures, notamment en Amérique du Nord, où les acteurs non conventionnels doivent désormais démontrer (difficilement) que leur activité reste viable, tout en opérant dans une région où le secteur énergétique a été dynamique ces dernières années.

Perspectives économiques du secteur

COVID-19 : un choc massif et durable avec un fort impact sur une industrie déjà fragilisée avant la crise

Les mesures de confinement, qui subsistent (au moins dans une certaine mesure) dans certains pays, affectent l’activité industrielle et, surtout, les déplacements liés au transport. Cependant, la réouverture des économies a favorisé le rebond de l’activité industrielle et du secteur des transports, même si l’apparition de variants pourrait freiner le rythme de croissance de la demande.

Une reprise (complète ?) des combustibles fossiles sur tous les grands marchés mondiaux

La consommation de pétrole devrait augmenter en 2022 par rapport à 2021. L’assouplissement des restrictions favorisera la reprise de la demande, poussant ainsi les prix à la hausse. Ainsi, Coface prévoit que le prix moyen pour 2022 atteindra 75 USD/baril. Les producteurs hors OPEP+ n’ont pas été en mesure, en 2021, de répondre à la demande avec une offre supplémentaire adaptée, tandis que les pays de l’OPEP+ ont à peine tenté de combler l’écart. Ainsi, alors que la demande est robuste, les stocks sont excessivement sollicités et atteignent désormais des niveaux bas (sur les cinq dernières années). Cela contribuera à soutenir la hausse des prix du brut en 2022.

La demande de voyages devrait se redresser progressivement en 2022, poussant ainsi la consommation de carburéacteur. La situation actuelle comporte toutefois certains risques, car l’irruption de variants (plus contagieux par exemple) pourrait entraver la réouverture des voyages internationaux. Par ailleurs, les ménages qui utilisent davantage leur véhicule vont probablement favoriser la demande de diesel et d’essence. Nous assistons déjà à cette évolution à l’heure où nous écrivons ces lignes. L’augmentation des véhicules électriques en Europe et en Chine, par le biais de parts de marché plus importantes, est un événement majeur en 2021 et 2022. Les véhicules électriques en Chine et en Europe sont subventionnés via des incitations financières, ce qui les rend abordables pour certains ménages. De plus, les réglementations restrictives dans les grandes villes d’Europe occidentale favorisent les voitures plus récentes et moins polluantes, comme les véhicules électriques. Même si l’irruption des véhicules à faibles émissions aura sans aucun doute un impact sur la consommation de pétrole, nous pensons que la demande finale mondiale, notamment pour les raffineries, sera moins affectée pour le moment. Les voyages internationaux vont augmenter en 2022. La principale inconnue est le rythme de la reprise des voyages d’affaires. L’utilisation d’appareils et d’applications numériques pendant les confinements de 2020 et 2021 a montré que les voyages d’affaires pourraient être partiellement remplacés par des réunions en ligne.

La pétrochimie, via le naphta et les gaz de pétrole liquéfiés, continuera de croître, poussant la demande de produits liés au pétrole et au gaz naturel. L’expansion des capacités en cours en Amérique du Nord, dans la péninsule arabique et en Asie soutiendra la demande de ces produits. Certains pays du CCG s’empressent de diversifier leur économie et de les aider à réduire leur dépendance au pétrole. Les gouvernements indien et chinois permettent également aux politiques d’être autosuffisantes dans de larges pans de la pétrochimie, par le biais de joint?ventures avec les grandes compagnies pétrolières nationales, telles que ADNOC et Saudi Aramco et sa filiale Sabic.

Les prix du gaz naturel ont été plus élevés durant l’hiver 2021?2022 (notamment en Europe) en raison de températures plus basses, de stocks inférieurs à la moyenne et d’une forte demande de gaz naturel liquéfié (GNL), notamment de la part des pays asiatiques, mais aussi du Brésil qui souffre d’un grave épisode de sécheresse. L’augmentation de la production d’électricité à partir de sources renouvelables a poussé la demande de sources naturelles, car elles sont utilisées pour les centrales électriques de secours. Ainsi, les prix du TTF ont atteint des niveaux record en décembre 2021. Les prix devraient se normaliser au cours du deuxième trimestre 2022, mais il faudra surveiller le rythme de reconstitution des stocks au printemps et en été dans l’hémisphère nord.

Le charbon, qui refait surface ? notamment grâce à la hausse des prix, bénéficie des conditions météorologiques dans l’hémisphère Nord et des tentatives de reconstitution des stocks, comme cela a été le cas pour le gaz naturel. La consommation va continuer à croître, notamment en Inde et en Chine, les plus gros consommateurs mondiaux de cette matière première. L’augmentation de la consommation de charbon en 2022 mettra en péril les engagements « zéro émission » dans le monde, mais de nombreux pays émergents misent sur cette matière première pour leur secteur de production d’électricité.

De profondes tensions sur le marché de l'électricité

Les prix du gaz naturel et du charbon atteignant de nouveaux sommets, le marché de l’électricité est confronté à des risques profonds. C’est notamment le cas des détaillants d’électricité réglementés, qui souffrent des prix de gros élevés tout en devant vendre leur électricité aux consommateurs à des prix réglementés et assez inélastiques. Au Royaume?Uni, plus de 25 détaillants ont fait faillite en 2021, mettant en danger leur base de consommateurs. Cette situation sera exacerbée tout au long de l’hiver 2021?2022 car les stocks de gaz sont très bas en Europe, alors que la demande de charbon et de gaz est élevée en Asie, et que les tensions géopolitiques augmentent, notamment entre l’Ukraine et la Russie.

Les énergies renouvelables devraient contribuer à la reconfiguration du secteur dans un avenir proche

Conformément à la volonté de l’opinion publique dans une majorité de pays, notamment dans les économies avancées, la transition vers une économie à faible émission de carbone dans le monde, qui repose notamment sur la transition énergétique, remet en cause l’industrie des énergies fossiles. Les plans de relance en réponse à la crise de la COVID?19, qui intègrent les préoccupations environnementales, devraient accélérer la reconfiguration du secteur, qui avait commencé avant la crise. Par exemple, il existe de nouvelles réglementations dans le secteur automobile sur les principaux marchés mondiaux (Asie, Europe, États?Unis), dont les acteurs développent des modèles à plus faible empreinte carbone, ainsi que des modèles électriques, afin d’éviter les amendes.

Les nouvelles normes environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) exercent une pression supplémentaire sur les entreprises pétrolières et gazières. Les investisseurs sont de plus en plus prudents quant à l’implication des entreprises dans la transition vers la neutralité carbone et à la conformité des entreprises aux normes ESG. Ces changements pourraient affecter grandement l’ensemble du secteur, en augmentant les coûts d’investissement et d’exploitation, tout en comprimant la demande de produits pétroliers et de leurs dérivés, in fine.

Au final, la baisse de la demande de plastique et le recours plus systématique au recyclage du plastique, grâce aux changements d’habitudes de consommation et à la réglementation (les bouteilles commercialisées dans l’UE devront contenir au moins 25 % de plastique recyclé en 2025 et au moins 30 % en 2030), entraîne une baisse de la demande de pétrole raffiné (via le naphta).

Si le développement des énergies renouvelables a été ralenti par la crise de la COVID?19, Coface prévoit que le segment des énergies renouvelables sera plus résilient que celui des énergies fossiles. En effet, les énergies renouvelables ont gagné en importance au cours des 20 dernières années, passant de 21,8 % de la capacité électrique mondiale totale installée en 2000 à 34,7 % en 2019, selon l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA). En 2020, plus de 80 % de la capacité électrique ajoutée était renouvelable.

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