Une croissance modérée en 2024, plus vigoureuse en 2025
La croissance se modérera en 2024, avant de reprendre de la vigueur en 2025. Elle sera portée par la consommation, (63% du PIB en 2023), notamment celle des ménages. La formation brute de capital fixe (30% du PIB en 2023) contribuera aussi positivement. Depuis plusieurs années, les investissements contribuent davantage à la croissance du PIB, mais la part de l’industrie dans ceux-ci tend à se réduire (45% en 2023, contre 48% en 2022) au profit d’activités de services, telles que le transport et l’entreposage. La majeure partie des investissements s’opère via les fonds des entreprises (72% en 2023), mais une partie est comprise dans le budget de l’Etat (16% en 2023). Les exportations nettes auront un impact positif sur la croissance, principalement grâce au pétrole.
L’inflation poursuivra sa modération, favorisée par un ralentissement des prix alimentaires mondiaux. En 2025, l’inflation se rapprochera de la cible de 5% de la Banque nationale du Kazakhstan (NBK). Celle-ci poursuit une diminution de son taux directeur, entamée au second semestre 2023. Le taux directeur a été fixé à 14.25% en juillet 2024 (il était à 16.75% en juillet 2023). En dépit de l’assouplissement de sa politique monétaire, la NBK reste attentive aux risques inflationnistes : externes (augmentation des prix en Russie, et des biens alimentaires mondiaux) et internes (incertitude budgétaire et poursuite de réformes de régulation des prix). L’efficacité de la politique monétaire est par ailleurs réduite par les programmes de prêts, notamment immobiliers, subventionnés.
Des légers déficits face à des réserves considérables
La balance courante restera en déficit en 2024 et 2025. La balance commerciale (7% du PIB en 2023) restera excédentaire, principalement grâce à la production de pétrole et des exportations de pétrole vers l’Europe (56% des recettes d’exportations totales au premier semestre 2024), mais ne compenseront qu’en partie l’érosion des cours en 2025. Côté importations, la modération de la demande, ainsi que des prix de l’alimentation importée contribueront également au surplus de la balance commerciale. Malgré sa volonté de réduire sa dépendance vis-à-vis de la Russie, celle-ci reste le premier partenaire commercial du Kazakhstan en termes d'importations (11 %) et le troisième en termes d'exportations (29 %), derrière l'Italie et la Chine. La balance des services contribue négativement à la balance courante (principalement dû aux services touristiques et de transport), tout comme le solde des revenus primaires (résultant notamment des rapatriements des revenus des investisseurs étrangers et de ceux des travailleurs frontaliers). La balance des revenus secondaires restera également déficitaire, en raison des remises des travailleurs immigrés en provenance des pays voisins. La dette externe restera élevée (62% du PIB en 2023). Cette dette est entièrement due par le secteur privé local, et à souvent trait à des investissements directs à l’étranger (IDE). Les réserves d’actifs de la NBK s’élevaient à 8 mois d’importations en juillet 2024, tandis que les réserves totales (NBK et celles du Fonds souverain) représentaient 9 à 10 mois de besoin de financement extérieur.
En ce qui concerne les comptes publics, la loi sur le budget national 2024-2026 prévoit une augmentation des dépenses, principalement pour les prestations sociales. Le coût des inondations d’avril 2024 a été estimé à 446 millions de dollars, soit 1% des recettes budgétaires initialement estimées pour 2024 (43,7 milliards de dollars). Une partie du déficit public sera financée par des transferts garantis en provenance du Fond National du Kazakhstan (3,3% du PIB en 2023 soit 2,2 billions de tenge), provenant de revenus pétroliers. Cependant, le montant de ces transferts se réduira progressivement durant les prochaines années. La dette publique restera faible.
Stabilité politique interne et prudence extérieure
À la suite de violentes manifestations survenues en janvier 2022 après une hausse soudaine du prix du carburant), le président Kassym-Jomart Tokayev (Amanat, comme son prédécesseur Nazarbayev), réélu lors d’un scrutin anticipé en novembre, avait présenté un programme de réformes institutionnelles incluant la révision de la Constitution, une première depuis 1995. L’un des axes majeurs concerne la réduction de la corruption et du népotisme, avec notamment l’interdiction pour les proches du président d’occuper des postes haut-placés au sein du gouvernement, ou encore l’interdiction pour le président et les députés d’appartenir à un parti politique au cours de l’exercice de leurs fonctions. En 2023, les élections parlementaires du 19 mars, sous la forme d’un nouveau système électoral mixte, avaient de nouveau conduit à la victoire d’Amanat, avec 62 sièges remportés sur 98. Le changement de gouvernement ou du président semblent peu probables, face à l’autoritarisme du pouvoir et l’infirme place laissée à l’opposition, en dépit de d’éventuelles manifestations.
Le Kazakhstan veille à maintenir de bonnes relations, à la fois, avec les occidentaux, la Chine et la Russie. Les autorités n'ont pas ouvertement condamné l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie, mais ont déclaré respecter l'intégrité territoriale de l'Ukraine. Cependant, le Kazakhstan souhaite réduire sa dépendance à la Russie, notamment la place de la langue et des médias russes dans le pays, tout en affirmant qu’il s’agit d’un partenaire stratégique. A titre d’exemple, des infrastructures pour l’acheminement de gaz naturel russe à travers les régions orientales du Kazakhstan vers le Kyrgyzstan et l’Ouzbékistan sont en cours de développement avec Gazprom. En parallèle, le Kazakhstan s’est rapproché de l’Union Européenne, son premier partenaire commercial. Plusieurs accords ont été conclus, notamment un en novembre 2022 sur la fourniture de matières premières, de produits raffinés, d'hydrogène vert et de batteries, ou encore des contrats de livraison de pétrole avec l’Allemagne via l’oléoduc russe Druzhba.
Le Kazakhstan souhaite également développer son partenariat avec les pays d’Asie, tels que la Chine, le Japon, la Corée ou, dans une moindre mesure, le Pakistan. Il fait notamment partie de l’Accord quadrilatéral sur le trafic (routier) de transit (QTTA), qui permet de contourner l’Afghanistan en lien avec le corridor sino-pakistanais (CPEC).