Panama

Amérique du Sud

PIB / Habitant ($)
17409,6 $
Population (en 2021)
4,4 Millions

Evaluation

Risque Pays
B
Climat des affaires
A4
Précédemment
B
Précédemment
A4

suggestions

Résumé

Points forts

  • Canal interocéanique et infrastructures connexes (ports, aéroports, routes, chemins de fer) (5% du commerce maritime mondial)
  • Pavillon de complaisance (16% de la capacité mondiale de chargement enregistrée au Panama)
  • Zone franche de Colón, deuxième plus grande plate-forme d'import-export au monde
  • Système monétaire et financier dollarisé, facilitant l’accès aux marchés de capitaux
  • Centre bancaire et financier régional desservi par un solide réseau de télécommunications
  • Potentiel touristique

Points faibles

  • Fortement exposé à la conjoncture économique nord et sud-américaine
  • Faibles recettes budgétaires (17% du PIB)
  • Lacunes en matière d'éducation et de formation professionnelle
  • Grandes disparités socio-économiques entre la zone du canal et le reste du pays
  • En l’absence de banque centrale domestique, politique monétaire tributaire de la Réserve Fédérale américaine
  • Opération du Canal de Panama fortement exposée aux effets du changement climatique (sécheresse, hausse du niveau de la mer)
  • Corruption, favoritisme et clientélisme
  • Majorité d’emplois informels
  • Utilisation de navires sous le pavillon panaméen pour la desserte de pays sous sanctions

Echanges commerciaux

Export des biens en % du total

Chine
39%
Europe
15%
Japon
15%
Corée du Sud
6%
Inde
4%

Import des biens en % du total

États-Unis d'Amérique 24 %
24%
Chine 11 %
11%
Europe 7 %
7%
Mexique 4 %
4%
Costa Rica 3 %
3%

Perspectives

Cette rubrique est un véritable outil pour le directeur financier ou le credit manager dans l'entreprise. Elle informe sur les moyens de paiement à utiliser et sur la façon de mener des actions de recouvrement.

Une croissance affectée par les perspectives minières maussades

La reprise consécutive à la profonde récession provoquée par la pandémie de COVID-19 s’est atténuée en 2023. Cependant, l’activité est restée robuste, malgré l’émergence de mouvements sociaux et de blocages au second semestre. Elle a été soutenue par le secteur de la construction, ainsi que par les exportations de biens et de services (trafic du Canal, réexportation, services financiers, cuivre et or, tourisme). Pour 2024, la croissance devrait encore ralentir dans le sillage de la crise du secteur minier. En effet, la Cour suprême de justice a statué, le 28 novembre 2023, que le contrat de concession signé avec First Quantum Minerals (FQM), autorisant l’exploitation de la mine de Cobre, était inconstitutionnel. Le renouvellement des droits du géant canadien, pour une durée de 20 ans, avait été approuvé le 20 octobre précédent, marquant le début d’une vague de protestation historique. Le Panama a traversé plus d’un mois de manifestations quasi quotidiennes, de grèves, ainsi que de barrages routiers perturbant les transports et l’approvisionnement des villes. Cette mine contribuait pour environ 5 % au PIB et 75 % aux exportations de biens du pays, participait pour environ 1,5 % à la production mondiale de cuivre et employait près de 2 % de la population active du Panama. La société canadienne a déclaré avoir entamé une procédure d’arbitrage devant la Cour internationale d’arbitrage à la fin du mois de novembre. Le gouvernement a communiqué son intention d’entamer le processus de fermeture définitive de la mine à la mi-décembre. Pour l’heure, une réouverture de la mine demeure peu probable, particulièrement à l’approche des élections prévues en mai 2024, compte tenu de l’hostilité populaire envers l’exploitation minière. La consommation privée (48 % du PIB) sera un moteur de croissance, alors que le pouvoir d’achat des ménages bénéficiera d’une inflation une fois de plus modérée. Le probable maintien des subventions des produits de base (carburants et certains produits alimentaires) à l’approche des élections de mai 2024, contiendra encore les pressions inflationnistes. Néanmoins, des facteurs tels que la sécheresse liée à El Niño ou la résurgence de mouvements sociaux demeurent des éléments susceptibles d'exercer une tension sur les prix. L’investissement sera porteur à mesure que la construction d’infrastructures publiques s’accélèrera, notamment l’expansion du métro de Panama City, ou la construction d’un 4ème pont sur le canal de Panama. Le secteur logistique pourrait bénéficier d’une redynamisation du commerce mondial, mais restera soumis aux conditions climatiques difficiles. Les effets du changement climatique, combinés à la présence du phénomène El Niño, ont eu un impact direct sur les niveaux d’eau douce dans les réservoirs du canal alimentant ses écluses. Le mois d’octobre a été marqué par des conditions particulièrement arides, avec des précipitations 41 % inférieures à la normale. Les autorités sont amenées à mettre en place des mesures de régulation du trafic, qui pourraient encore peser sur l’activité en 2024, si la sécheresse persiste. Enfin, le secteur touristique (10,6 % du PIB en 2019) est resté dynamique en 2023, enregistrant un nombre d'arrivées surpassant celui de 2019 (période janvier-septembre). Néanmoins, le ralentissement attendu de l’économie états-unienne, représentant environ 30 % des arrivées, constitue un risque baissier.

Un affaiblissement des positions budgétaire et extérieure

Après avoir été pénalisé par le défaut des redevances minières en 2023, le déficit public s’allégerait en 2024. Il est toutefois peu probable qu’il rejoigne le ratio de 2 % du PIB prévu par la loi relative à la responsabilité sociale et fiscale. Au regard d’une croissance économique affaiblie et des élections générales de mai 2024, les finances publiques seront sous pression. Une accélération dans la mise en place de réformes fiscales, visant notamment à réformer le système de retraite et à réduire les subventions, est peu probable. La hausse des péages du canal risque d’être compensée par la réduction du trafic. Par ailleurs, avec l’arrêt de l’exploitation de la mine de Cobre, les comptes publics se verront encore privés d’une importante source de revenus. Les redevances minières prévues au contrat étaient portées à 375 millions de dollars annuels, soit environ 0,5 % du PIB. Le budget 2024 prévoit une hausse des dépenses publiques, portée par celles dans l’éducation, un service de la dette plus lourd et le développement des infrastructures. La trajectoire de la dette publique (dont 84 % est extérieure et 63 % due à des créanciers externes privés), jusqu’à lors descendante et soutenable, sera mise à l’épreuve par la fragilité de la position budgétaire. Le gouvernement conservera des conditions d’accès aux marchés internationaux avantageuses, favorisées par la dollarisation de son économie.

La position extérieure du Panama s’est légèrement affaiblie en 2023. Si les exportations de cuivre ont permis de réduire le déficit commercial (environ 5 % du PIB en 2023), une facture pétrolière encore élevée a limité cette réduction. Le surplus des services a été pénalisé par les conditions climatiques difficiles pesant sur le secteur logistique. En 2024, le déficit courant devrait davantage se creuser. L’avenir des exportations de cuivre s’est assombri, au regard de l’interruption de l’activité d’extraction dans la mine de Cobre. Si la contrainte climatique devrait s’atténuer au second semestre, elle pourrait encore impacter les services logistiques. Le tourisme pourrait aussi être touché, avec une possible réduction du nombre de navires de croisière accostant au Panama, ces derniers contribuant à hauteur de 25 % aux arrivées. Le déficit courant serait encore financé par les flux d’IDE. Le rôle du pays en tant que carrefour logistique, place financière, et ses zones franches restent propices à l’investissement. Le climat des affaires sera aussi favorisé par le retrait du pays de la liste grise du GAFI, le 27 octobre 2023, marquant une étape importante dans la lutte contre le blanchiment d’argent et le terrorisme. Néanmoins, l'instabilité engendrée par les mouvements sociaux pourrait potentiellement ternir la réputation du pays auprès des investisseurs étrangers.

Un climat politique et social fragile à l’approche des élections

L’actuel président Laurentino Cortizo Cohen du Parti révolutionnaire démocratique (PRD) de centre-gauche, a été élu en mai 2019 pour un mandat unique de cinq ans. Avec son partenaire de coalition de centre-droite, Movimiento Liberal Republicanista, le PRD détient 40 des 71 sièges. La coalition a pour priorité l’assainissement budgétaire, la lutte contre le blanchiment d’argent et la corruption. Le gouvernement doit faire face au mécontentement de la population, alimenté notamment pas la lenteur des progrès dans la lutte contre le clientélisme et les réformes constitutionnelles promises. A l’approche des élections générales, attendues en mai 2024, l’approbation de l’administration de Laurentino Cortizo est écornée, ouvrant la voie à une victoire de l’opposition. Les Panaméens se rendront aux urnes dans un climat politique et social particulièrement tendu, marqué par les protestations liées au contrat minier annulé. Les opposants contestaient la légalité du nouveau contrat, déploraient des conditions trop avantageuses pour l’exploitant canadien, mais surtout les effets néfastes de l’extraction sur l’environnement. Parallèlement, la sécheresse historique entravant le trafic maritime, intensifie les préoccupations liées à la question environnementale, qui s’annonce au cœur du débat électoral en 2024. À la fin de l'année 2023, l'État a finalisé une transaction avec l'Autorité du canal de Panama, consistant en la vente de 25 000 hectares de terres et de fonds marins. Cette initiative vise à développer un corridor logistique et biologique, avec pour objectif principal la préservation du bassin du canal.

Les relations avec les Etats-Unis, un partenaire commercial privilégié, demeurent solides. Un partenariat visant à développer la production de semi-conducteurs au Panama a été conclu en juillet 2023. Parallèlement, le pays entretient ses liens avec Pékin, après avoir rompu ses liens diplomatiques avec Taïwan en 2017. Toutefois, le gouvernement de M. Cortizo s’est montré plus précautionneux quant à son ouverture vis-à-vis de la Chine. Depuis son élection, le président a freiné certains projets d’investissement chinois en infrastructure et logistique.

Dernière mise à jour : janvier 2024

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