Une croissance encore dynamique en 2024
Après la nette reprise de 2023, liée à l’amélioration de la situation sanitaire, à la réouverture de l’économie et aux prix élevés des matières premières, la croissance restera soutenue en 2024, surtout tirée par le secteur des ressources naturelles. Leurs exportations demeureront vives, la demande mondiale de gaz naturel liquéfié (GNL), qui représente plus du quart des exportations totales, restant forte, et ses cours encore hauts du fait d’une offre mondiale limitée. Les perspectives d’exportations aurifères sont également positives : la réouverture, prévue pour la fin de l’année 2023, de la mine de Porgera, dont l’activité a cessé en 2020, devrait permettre une hausse de la production d’or en 2024. Les autres exportations seront stimulées par une compétitivité accrue par une devise attendue plus faible en 2024.
Les investissements publics et privés seront tirés par les projets d’infrastructure, notamment dans le cadre du programme « Connect PNG » (vaste plan de développement du transport routier, annoncé en 2020) et du site de production de GNL Papua LNG (développé par TotalEnergies, Exxon Mobil et Santos), dont la construction devrait démarrer en 2024. L’inflation continuera sa résorption progressive, grâce à la modération des prix des carburants et de l’alimentation. Cette modération de l’inflation, ainsi que la conjoncture favorable dans l’extraction et la construction, qui favorisera la création d’emplois et la hausse des salaires, stimuleront légèrement la consommation des ménages (environ 50% du PIB). Cependant, celle-ci restera contrainte par la réduction de la dépense publique consacrée aux ménages, un taux de pauvreté toujours élevé (environ 40% en 2022) et l’influence limitée des autres secteurs sur le secteur agricole, qui emploie 85% de la population majoritairement de manière informelle.
Consolidation budgétaire et maintien de l’excédent courant
Le déficit public, largement creusé par la pandémie en 2020, continuera de se résorber en 2024. Le dynamisme accru de l’extraction aurifère et les performances toujours élevées du secteur gazier augmenteront les recettes publiques. A cela s’ajoute la place croissante de l’Etat dans les négociations relatives aux projets d’exploitation des ressources, lui permettant d’en percevoir davantage de profit. Les dépenses publiques continueront de se modérer, notamment avec la fin des mesures exceptionnelles de soutien au pouvoir d’achat des ménages (programme de gratuité des frais de scolarité, suppression temporaire de taxes sur les denrées alimentaires et carburants…) et la limitation de la masse salariale publique. Cependant, une part des dépenses publiques restera importante, car liée aux projets de développement en cours (Connect PNG notamment) et aux besoins d’investissement dans le capital humain. Le compte courant continuera de dégager un large excédent, porté par les exportations de GNL et d’or, ainsi que l’amélioration de la compétitivité attendue de la dépréciation du kina. L’excédent sera, malgré tout en légère baisse, les importations étant accrues par les besoins en biens d’équipement nécessaires à la mise en œuvre des projets d’exploitation des ressources naturelles.
Le pays bénéficiera d’une Facilité de crédit élargie, de 918 millions de dollar sur trois ans, accordée par le FMI en mars 2023 et destinée à soutenir son programme de réformes. Elle renforcera les réserves de change en parallèle d’une transition vers une flexibilité accrue du kina et une plus grande autonomie de la banque centrale, aujourd’hui largement surévalué. Bien qu’inférieure au plafond de 60%, la dette publique est composée d’une part significative de titres à maturités courtes (bons du Trésor), amenant un léger risque de refinancement. Le financement public continuera donc d’évoluer en 2024 vers une part croissante de bailleurs bilatéraux et multilatéraux, les sources de financement domestiques étant de plus en plus coûteuses. Dans ce contexte, la consolidation budgétaire, qui concernera aussi les entreprises publiques, revêtira toute son importance.
Des risques de troubles sociaux persistants
Après avoir fait face à la pandémie, et dans le contexte de la guerre en Ukraine, le premier ministre James Marape a été reconduit à ses fonctions suite aux élections législatives de juillet 2022, non sans tensions. Le pays, connu pour ses élections systématiquement tendues, a de nouveau été le théâtre de fraudes électorales et violences, conduisant au décès de 55 personnes. Le parti du premier ministre, PANGU, en est sorti cependant renforcé avec une victoire confortable (39 sièges obtenus par son parti et 77 par sa large coalition au pouvoir, parmi les 110 en jeu) et une période de 18 mois (jusqu’en février 2024) durant laquelle aucune motion de défiance ne peut être opposée. Ainsi, les réformes peu populaires liées à la Facilité de crédit accordée par le FMI ne pourront rencontrer de réelle résistance. L’absence d’opposition nationale efficace devrait permettre au premier ministre de se maintenir en 2024, mais il devra, malgré tout, composer avec les contestations locales, environnementales et foncières face aux décisions relatives à l’exploitation des ressources naturelles dans une société très fragmentée. De plus, la question de l’indépendance de l’île de Bougainville demeurera. Le résultat (98% en faveur de l’indépendance) du référendum non contraignant de novembre 2019 tenu dans cette région autonome, donne lieu à des négociations entre le gouvernement et la province. Mais le gouvernement reste peu enclin à accorder son indépendance à la province, de par les réserves de cuivre dont elle dispose. Enfin, sur le plan géopolitique, Marape poursuivra son rapprochement avec l’Australie, qui, depuis 2019, s’applique à construire une relation privilégiée, notamment via le développement de projets dans des domaines clés (télécommunications, activités portuaires…).